PRÉBIOTIQUES OU PROBIOTIQUES?

Par Nicole Renaud, ND. A. membre de l’ANAQ

Les probiotiques sont de plus en plus en vente dans les magasins de produits naturels et en pharmacie. On les appelle les bactéries lactiques. Attention, ce ne sont pas des bactéries présentes dans le lait, mais des bactéries productrices d’acide lactique. Que sont-ils et pourquoi sont-ils importants? Que penser des prébiotiques? Quelle est la différence entre les prébiotiques et les probiotiques?

Je vous ai déjà entretenus sur le microbiome et le microbiote; ce sont ces variétés de bactéries qui peuplent notre intestin. Sans elles, nous ne pourrions vivre. Notre intestin contient environ 2 kg de microorganismes dont la plupart n’ont pu être identifiés par culture parce qu’ils sont anaérobiques (vivent sans oxygène). Maintenant, depuis le début du siècle, avec la découverte d’outils d’identification en biologie moléculaire, ces bactéries font l’objet de milliers d’études. De plus, ces bactéries vivent également avec les levures et d’autres bactéries, mais en symbiose, à la condition que rien ne vienne les déséquilibrer.

QUE SONT LES PROBIOTIQUES?

Les probiotiques, du grec signifiant « pour la vie », sont des cultures de bactéries ou levures comme les Saccharomyces boulardii, consommées afin d’ensemencer notre gros intestin avec des organismes bénéfiques. Notre gros intestin contient une multitude de bactéries procurant une résistance accrue aux maladies. On a cru longtemps que l’enfant dans le ventre de sa mère était exempt de bactéries. Or, il appert, selon une étude de Kelth Bell par exemple, que les bactéries présentes dans l’intestin de la mère sont véhiculées dans le placenta par la circulation lymphatique et de là jusqu’au fœtus. Le liquide amniotique contiendrait une abondance de flore grâce au méconium. Si cette étude vous intéresse, vous pouvez lire le tout sur le site suivant :   https://www.gutmicrobiotaforhealth.com/en/microbe-translocation-and-colonization-in-the-womb/

Cependant, le microbiome du bébé est influencé par l’âge de sa mère et le mode d’accouchement. Un enfant né par césarienne recevra surtout les bactéries provenant de la peau de la mère. De nos jours, on prône ceci pour les enfants nés par césarienne : après que l’enfant soit né, on touche les parties génitales de la mère avec un mouchoir et on le place sous le nez de l’enfant : sa respiration seule est nécessaire. Nul besoin de frotter. L’allaitement favorisera une meilleure colonisation et procurera les anticorps susceptibles d’influer sur le nombre et la diversité des bactéries du côlon de l’enfant.

Plus il y a de bonnes bactéries dans l’intestin et plus nous pouvons combattre les bactéries pathogènes (nuisibles). Les bactéries les plus étudiées sont les Lactobacillus rhamnosus, les Lactobacillus acidophilus, et les Bifidobacterium bifidus. Nous en avons besoin non seulement pour le système immunitaire, mais aussi pour protéger notre système gastro-intestinal, pour supporter la détoxication du foie et le nettoyage des reins. Ils aident également à l’élimination des toxines par l’intestin.

À QUOI SERVENT LES PROBIOTIQUES EN SUPPLÉMENTS?

Dépendant du problème de santé à traiter ou des médicaments prescrits comme les antibiotiques, on optera pour une gamme différente selon le cas. La diarrhée du voyageur ne se traitera pas de la même façon qu’une vaginose.

Les probiotiques sont tout indiqués pour le système immunitaire, par exemple, un individu sujet aux rhume, grippe, laryngite, bronchite; pour les infections gastro-intestinales comme l’infection par Helicobacter pylori, par l’E. coli, par le Clostridium difficile; pour les inflammations intestinales comme le syndrome du côlon irritable, la maladie de Crohn, la recto-colite ulcéreuse, le cancer colorectal; pour l’eczéma et les diverses dermatites; pour diverses pathologies comme la gastroentérite, les infections urogénitales chez la femme, les infections nasales, la pancréatite aiguë, le syndrome de fatigue chronique; et même pour la constipation.

Le Dr Josh Axe mentionne l’importance de prendre des suppléments de probiotiques afin de protéger tout notre organisme, et ces derniers peuvent nous faire abstenir de médication surtout lors de problèmes digestifs comme la diarrhée; ils augmentent également l’assimilation des vitamines B, plus spécifiquement la vitamine B12. En effet, une élévation de B12 dans le sang indique un déséquilibre bactérien au niveau de la partie terminale de l’intestin grêle là où les bactéries synthétisent la vitamine B12. Les probiotiques abrègent les problèmes respiratoires et ses symptômes associés; ils sont également une bonne façon de combattre l’anxiété et la dépression puisqu’ils équilibrent les neurotransmetteurs. De plus, chez les personnes diabétiques et en surplus de poids, les probiotiques améliorent la flore de celles-ci et leur permettent de perdre du poids.

QUE SONT LES PRÉBIOTIQUES?

C’est en 1995 que les prébiotiques ont été introduits comme concept. Ce sont des composés alimentaires non digestibles qui affectent favorablement les bactéries de l’intestin en stimulant la croissance ou l’activité d’une espèce bactérienne déjà présente dans le côlon. En l’occurrence, ce sont des aliments pour les bactéries telles les bifidobactéries et les lactobacilles du gros intestin. On pourrait les cataloguer comme des fertilisants pour nos bonnes bactéries intestinales en leur procurant un environnement sain pour se multiplier. Ainsi, la résistance naturelle de l’organisme sera augmentée.

Les principaux prébiotiques évalués sont les fructanes appelés FOS ou fructo-oligosaccharides (on peut voir cette abréviation sur les étiquettes des suppléments de probiotiques), et les galacto-oligosaccharides appelés GOS. Parmi les fructanes, on retrouve l’inuline rencontrée dans les aliments tels que l’artichaut, le topinambour, l’ail, l’échalote, l’oignon, la ciboulette, l’asperge, les salsifis et le poireau, la chicorée, le pissenlit, le soja, la tomate, la banane, la bardane, les haricots, les céréales comme le blé, le seigle et l’orge. Les trois premiers aliments étant les plus riches en inuline; on en rencontre en poudre dans les magasins de produits naturels.

Les fructanes comme l’inuline sont solubles dans l’eau; semblables à la cellulose, les humains ne fabriquent pas d’enzymes digestives pour les digérer, ce qui fait qu’ils passent par le petit intestin jusqu’au caecum où les bactéries les dégradent. Ainsi, les bactéries peuvent se nourrir. Quant aux GOS, on les trouve principalement dans le lait humain d’où l’importance de l’allaitement. On a déjà commercialisé des mixtures de laits animaux avec des FOS et des GOS.

POURQUOI PRENDRE DES PRÉBIOTIQUES

Quand je questionne un client sur ses habitudes alimentaires alors qu’il a été traité pour un cancer du côlon ou colorectal, je ne suis pas surprise de constater le manque de fibres dans son alimentation. Ces gens ne mangent que très peu de légumes, très peu de fructanes. Les prébiotiques sont des fibres, mais les fibres ne sont pas toutes des prébiotiques. Pour être un prébiotique, la fibre doit pouvoir résister à l’acide gastrique, aux enzymes hydrolysantes et ne pas être assimilée dans le petit intestin; elle doit être fermentée par la flore intestinale et stimuler l’activité des bactéries bénéfiques.

Une série de publications faisant état des multiples rôles des prébiotiques ont vu le jour. Ils sont donc importants pour les maladies intestinales inflammatoires, la constipation et le cancer colorectal, l’assimilation du magnésium, l’assimilation du calcium et la réduction des triglycérides.

LA VIE DANS LE CÔLON

Les « microbes » qui peuplent notre petit et gros intestin sont très importants pour notre survie. Ils nous protègent contre les maladies, nous aident à digérer nos aliments, et peuvent nous guérir des blessures. Ils aident à garder notre cerveau en santé en le nourrissant tout en affectant notre humeur. Plus encore, les bactéries peuvent nous préserver des maladies cardiovasculaires, de l’obésité et des maladies de la peau. Ils peuvent prévenir les réactions allergiques aux aliments.

Les bactéries intestinales peuvent affecter grandement la production de nos hormones sexuelles. Plus elles ont de la nourriture pour se multiplier et renforcer ainsi notre système immunitaire, plus elles peuvent être associées à une diminution du risque de cancer du sein. Les bactéries bénéfiques peuvent nous protéger en diminuant le risque du cancer du côlon, spécialement si elles sont nourries avec les fructo-oligosaccharides (FOS). De plus, elles permettent de diminuer le cholestérol et l’inflammation.

Les fibres alimentaires comme les FOS sont importantes et ont démontré une diminution du risque d’infection dans les hôpitaux. Les fructanes ont aussi fait l’objet de recherche démontrant la diminution de la prolifération du Candida albicans dans le côlon. Le choix des aliments joue un rôle sur la diversité des bactéries du côlon ainsi que sur la muqueuse intestinale et influence grandement la fonction du système immunitaire. En effet, l’alimentation des temps modernes a fait en sorte que celle-ci appauvrit le microbiote de l’humain, par les aliments transformés, sa richesse en gluten, en sucre, en produits laitiers, en céréales transformées, en oubliant l’importance des fruits et des légumes et l’abondance de pesticides, les OGM, les produits chimiques qu’ils contiennent. Par conséquent, mangez des fibres et ainsi vous nourrirez vos bonnes bactéries.

Sources :

Axe, Josh, 2016. Eat Dirt. Éd. Harper : New York

Lagacé, Jacqueline, 2016. Une alimentation ciblée pour préserver ou retrouver la santé de l’intestin. Éd. Fides : Québec

Lewis, Charles A.2013, Enteroimmunology. Éd. PsyPress : Floride

Mouton, Dr Georges, 2011. Écosystème intestinal et santé optimale. Éd. Marco Pietteur : Belgique