Par Marie-Christine Trépanier, journaliste
Avec la recrudescence de problèmes environnementaux partout à travers le monde, plusieurs consommateurs souhaitent modifier leurs choix alimentaires afin de diminuer leur impact négatif.
Saviez-vous que notre assiette serait responsable d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre?
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Quel est l’impact de nos choix alimentaires sur l’environnement?
Une étude de l’Université d’Oxford a récemment mesuré l’impact environnemental de 57 000 aliments transformés commercialisés au Royaume-Uni et en Irlande, soit la majorité des aliments et boissons achetés dans les supermarchés britanniques. Les résultats de cette enquête ont d’ailleurs été publiés en août dernier dans la revue PNAS.
Pour chacun des produits, les chercheurs ont examiné différentes conséquences négatives de son mode de production, c’est-à-dire les quatre facteurs suivants : les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation des terres, le stress hydrique (certaines cultures nécessitent plus d’eau) et le potentiel d’eutrophisation, soit le risque de proliférations d’algues dans des eaux enrichies en nutriments.
Par la suite, ils ont combiné les scores de ces quatre facteurs afin d’obtenir une note globale d’impact environnemental pour chacun des produits.
Résultats : Sans surprise, les chercheurs ont constaté que les aliments à base de produits animaux sont, en général, plus néfastes à l’environnement que ceux à base de végétaux. De plus, des chercheurs ont découvert que les produits les plus écoresponsables sont souvent les plus nutritifs.
D’après l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie en France, la production agricole représente la principale source de gaz à effet de serre (GES), avec 2/3 de l’empreinte carbone totale de l’alimentation. Une grosse partie des émissions de l’agriculture est due à la production de viande et de produits laitiers. La deuxième principale source de GES est liée au transport des denrées, par les transporteurs de marchandises, mais aussi les consommateurs.
Comment réduire l’impact environnemental de notre alimentation?
Dans leur étude réalisée en 2019, les chercheurs de l’Ademe ont préconisé une diminution de la consommation de denrées animales (viande et laitage), car ils utilisent près de 80% des surfaces agricoles nécessaires à notre alimentation. Le rapport notait aussi une consommation plus importante d’aliments très transformés et de produits de restauration rapide. La transformation des aliments et le transport des aliments industriels ont un impact carbone plus important que celui des produits bruts.
Limitez les produits animaux et mangez biologique
Le premier geste à faire si l’on veut diminuer l’impact de notre alimentation sur l’environnement est donc de réduire notre consommation d’aliments d’origine animale.
Certaines personnes croient encore que les protéines ne se trouvent que dans les produits animaux (viande, œufs, fromage, poisson), alors qu’il existe un bon nombre de protéines végétales (céréales, légumineuses, graines, oléagineux, etc.) très nutritives.
N’oublions surtout pas que diminuer la proportion d’aliments d’origine animale de notre alimentation, tels que les viandes rouges, est aussi très bénéfique pour la santé.
Dans les années 50, la viande représentait un symbole de richesse, ce qui a contribué à l’augmentation de la consommation de produits animaux. Mais aujourd’hui, on connaît mieux les problèmes de santé liés à une forte consommation de viande rouge.
Les aliments ultra-transformés abîment notre santé et celle de la planète
D’autre part, de plus en plus de chercheurs considèrent que les aliments transformés sont néfastes pour la santé.
Un aliment ultra-transformé se caractérise par la présence d’un moins une substance elle-même ultra-transformée dans sa liste d’ingrédients. Ces substances sont obtenues par synthèse ou par une succession de procédés physiques, chimiques ou biologiques appliqués à des matières premières naturelles et qui conduisent à une forte dégradation de leur matrice d’origine. Ces ingrédients ultra-transformés proviennent de grandes monocultures intensives (riz, blé, maïs, pomme de terre, pois, soja) et de l’élevage intensif de quelques espèces animales (volailles, porcins, bovins), et sont donc liés à une faible biodiversité.
De nombreuses études épidémiologiques rapportent que, lorsque ces aliments sont consommés en excès, le risque de mortalité précoce augmente tout comme ceux d’être obèse, de souffrir de syndrome métabolique, de stéatose hépatique, de diabète de type 2, de maladies cardio-vasculaires, de dépression, d’hypertension, de cancers toutes causes confondues, de syndrome de l’intestin irritable, d’altération de l’ADN, d’hyperactivité chez les enfants et de déclin de la fonction rénale.
Précisons que les conséquences des aliments ultra-transformés sont les mêmes quelle que soit la population ou ethnie étudiée, et toutes les fonctions du corps semblent impactées. D’ailleurs, chaque fois que ces aliments pénètrent un nouveau marché ou un nouveau pays (de nos jours : les pays émergents ou en développement), les risques de maladies chroniques augmentent à ces endroits.
De plus, la fabrication massive de ces produits n’est absolument pas durable. En fait, la mondialisation de leur consommation met en péril toutes les dimensions de la durabilité : disparition de petits producteurs et paysans, pollution environnementale, changement climatique, déforestation, perte de biodiversité, souffrance animale, inégalités sociales et la perte des traditions culinaires.
Par conséquent, dans le but de protéger notre planète et développer des systèmes alimentaires sains et durables, il faut donc revenir à la consommation d’aliments sains (le moins transformés possible), à la fois pour la santé humaine et planétaire.
Comment se nourrir de manière écoresponsable?
Il existe plusieurs façons de manger « écoresponsable ».
Dans un premier temps, diminuez votre consommation de viande, car celle-ci présente une plus grande empreinte carbone que les protéines végétales. Selon une analyse d’Environmental Working Group (EWG) parue en 2011, consommer 1 kg de bœuf entraîne l’émission de 27 kg de CO2. Ce chiffre inclut la production, la transformation du produit, le transport, la vente, la préparation et la gestion des déchets. En contrepartie, 1 kg de tofu n’engendre que 2 kg de CO2.
Pour diminuer votre consommation de viande, vous pouvez diversifier vos sources de protéines en ajoutant à vos menus de la protéine de soja, du tofu, du tempeh, des légumineuses, des noix et des graines.
Deuxièmement, achetez équitable. Certains aliments qui proviennent d’un peu partout dans le monde (chocolat, café, fruits tropicaux, etc.) sont parfois produits et recueillis par des travailleurs exploités, qui sont mal payés, voire des enfants. Par exemple, selon les estimations de l’UNICEF (le Fonds des Nations unies pour l’enfance), en 2016, près de 168 millions d’enfants étaient forcés de travailler dans le monde, dont 60% sur des bateaux de pêche, dans des fermes et des champs.
Afin de privilégier les aliments produits dans le respect de la main-d’œuvre agroalimentaire, il suffit de rechercher les sceaux reconnus par l’Association québécoise du commerce équitable.
Troisièmement, limitez le gaspillage. Par exemple, à l’épicerie, achetez seulement ce dont vous avez vraiment besoin. Vous pouvez aussi vous procurer des produits que l’on dit « imparfaits », endommagés ou dont la date de péremption approche. À la maison, vous pouvez préparer des potages avec des aliments un peu moins frais. Vous pouvez aussi congeler les surplus de mets que vous préparez.
Quatrièmement, refusez le suremballage. Lors de vos visites dans les supermarchés ou dans votre magasin de santé naturelle et d’aliments biologiques, apportez vos sacs réutilisables pour y mettre vos fruits et vos légumes et préférez les produits en vrac. Choisissez les aliments qui sont le moins emballés ou dans un emballage facilement récupérable (carton, métal ou verre), et même réutilisable à la maison. Certaines épiceries acceptent aussi de déposer la viande, les fruits de mer, les mets préparés et les produits en vrac dans vos propres contenants.
Cinquièmement, choisissez le « bio ».
Il existe plusieurs avantages à acheter des aliments biologiques. D’abord, vous encouragez des cultures qui n’utilisent pas de pesticides, d’herbicides chimiques, de fertilisants de synthèse ou de semences provenant d’OGM.
Vous optez pour des élevages sans antibiotiques, hormones de croissance, farine animale ou surpopulation animale (dans des bâtiments fermés).
Vous choisissez des produits transformés sans colorants chimiques, ni arômes artificiels, ni additifs.
Enfin, encouragez les producteurs locaux. En vous procurant des produits certifiés « Aliments du Québec » ou « Aliments du Québec bio », vous choisissez d’acheter des produits entièrement québécois ou, dans les cas de mets préparés, faits d’au moins 85% d’ingrédients d’origine québécoise.
Source : www.lanutrition.fr, www.protegezvous.ca