Par Joanie Bouchard, naturopathe et bio-esthéticienne
Au cours des dernières années, l’intérêt croissant envers la cosmétique naturelle est indéniable. En effet, l’industrie des produits de beauté naturels et biologiques a connu une hausse de la demande de la part des consommateurs. Ceci s’explique en partie par le changement de tendance induit par la pandémie, soit celle de la beauté minimaliste et écoresponsable, combinée à des acheteurs de plus en plus informés et désireux d’optimiser leur bien-être.
Certes, prendre soin de sa peau naturellement amène son lot de bénéfices, mais les sceptiques affirmeront que l’intérêt pour la cosmétique naturelle n’est qu’une MODE passagère. Alors, quels sont les réels bienfaits de s’orienter vers des produits de beauté formulés à partir d’ingrédients naturels? Sont-ils aussi efficaces? Quels ingrédients devrions-nous favoriser et éviter? C’est exactement ce que vous découvrirez au cours de cet article qui vous sera, je l’espère, très formateur.
- La peau et l’immunité
Tout d’abord, je ne peux vous vanter les bienfaits de la cosmétique naturelle sans vous mentionner les rôles immunitaires importants de la peau. Organe le plus grand du corps humain, la peau agit en tant que barrière physique et chimique contre l’entrée d’agents pathogènes à l’intérieur du corps. Les kératinocytes à renouvellement rapide, le microbiote cutané et le film de protection hydrolipidique, provenant des sécrétions glandulaires de la peau, assurent la grande partie de ces fonctions.
Il va de soi qu’une peau malsaine, abîmée ou déséquilibrée par des produits aux ingrédients agressants et irritants altère ce rôle de défense. Ainsi, on évitera les sulfates, ces agents moussants donnant une impression de peau propre, mais qui détruisent le film protecteur et on privilégiera les alcools et parfums dérivés des huiles essentielles plutôt que ceux issus de molécules de synthèse.
Bien que les applications d’analyse d’ingrédients s’avèrent utiles, faites preuve de discernement, car elles ne considèrent pas toujours les subtilités telles que la provenance des alcools et parfums par exemple.
- La peau, un organe émonctoire
La fonction émonctorielle de la peau rend celle-ci importante pour le métabolisme et l’élimination des toxines de l’organisme. Impliquée dans les biotransformations des toxines et xénobiotiques, elle assure une partie de la détoxification du corps et représente une aide précieuse pour le foie.
Vous en conviendrez que l’utilisation d’ingrédients occlusifs visant à empêcher la déshydratation de la peau n’est guère à favoriser. Sachez qu’une peau saine sera en mesure de maintenir elle-même son hydratation. On évitera alors les silicones et huiles minérales, d’autant plus que ces dernières sont issues du raffinage pétrolier.
- La peau, une barrière semi-perméable
Ce rôle de semi-perméabilité que possède la peau est, à mon sens, le plus sous-estimé. Nous nous enduisons de toutes sortes de produits sans garder à l’esprit cette notion d’absorption cutanée. Pourtant bien connue en pharmacologie, pensons aux médicaments et hormones transdermiques, la peau constitue une voie d’entrée directe vers la circulation sanguine. Ainsi, une grande partie de ce qui se trouve dans vos crèmes se retrouvera dans votre corps, ce qui est d’autant plus véridique pour une peau abîmée qui sera plus perméable. Ceci nous amène au point suivant.
- Des molécules perturbatrices de l’interne
Votre peau est le reflet de votre corps interne et, inversement, ce que vous mettez sur votre peau aura une incidence directe sur l’interne de votre corps. La peau est l’une des principales voies d’entrée des xénobiotiques. Ces substances étrangères et toxiques à l’organisme humain peuvent même s’y loger et s’y concentrer. Lorsqu’elles pénètrent par voie cutanée, elles arrivent directement à la circulation sanguine et déstabilisent l’homéostasie hormonale du corps.
La dose fait le poison, me direz-vous, mais bien que la plupart ne soient présents qu’en petite quantité, gardez en tête la notion d’accumulation; ces molécules, largement répandues dans les cosmétiques, sont rarement présentes de façon unitaire. Voici une liste NON EXHAUSTIVE de quelques ingrédients à éviter :
- BHA, BHT;
- EDTA;
- Formaldéhyde;
- Mercure, plomb et autres métaux lourds;
- PEG;
- PFAS;
- Phtalate et parabènes;
- Siloxanes;
- Toluène;
- Triclosan.
- Le moins interventionniste tu seras, au meilleur ta peau brillera
L’idée de donner à la peau ce dont elle a besoin plutôt que de travailler contre elle avec des molécules agressantes ou non physiologiques est une philosophie courante dans la cosmétique naturelle. Notre peau est résistante et s’adapte à merveille à son environnement, mais elle est également sensible et la rigidité est rarement gagnante sur le long terme. Favorisez des ingrédients issus de plantes médicinales, d’huiles et de beurres naturels, d’huiles essentielles en dilution, d’extraits de fruits et votre corps entier vous remerciera.
- Écoresponsable et économique
Beaucoup de gammes de cosmétiques naturelles offrent des produits abordables puisque les ingrédients dont ils sont composés sont issus de sources naturelles et nécessitent de moins grandes manipulations en laboratoire. Aussi, visant une pratique écoresponsable, les emballages sont, pour la plupart, simples et minimalistes, ce qui diminue grandement les coûts de production.
Parsemer des graines qui germeront dans votre esprit avec le temps, tel était mon objectif avec cet article. La conscientisation est l’élément prioritaire à un virage plus naturel. Souvenez-vous : donnez à votre peau ce dont elle a besoin, et les résultats seront au rendez-vous. Je vous suggère également d’aller consulter une esthéticienne spécialisée en soins naturels afin de découvrir les réels besoins de votre peau et connaître les produits qui seront les plus adaptés pour vous. N’oubliez pas, la peau évolue selon les saisons, l’âge et les soins que nous lui procurons; ainsi, modifier la routine beauté selon ces facteurs est un point fondamental en cosmétique naturelle.