Prévenir et inverser la maladie d’Alzheimer en agissant sur le mode de vie

Par Guylaine Campion, ND et journaliste

Devant la recrudescence de l’Alzheimer dans notre société, plusieurs craignent d’être un jour frappés par cette terrible maladie. Mais voilà qu’après 30 ans de recherche, le Dr Dale Bredesen, neuroscientifique et neurologue aux États-Unis, est porteur d’espoir. Il a mis au point un protocole inédit que l’on retrouve dans son livre La fin d’Alzheimer, un protocole pouvant inverser, avec études à l’appui, les symptômes de la maladie d’Alzheimer.

Le protocole thérapeutique ReCODE est le premier programme qui prévient et inverse le déclin cognitif. Ce protocole permet d’identifier pour chaque individu les facteurs aggravant la maladie soit : l’alimentation, l’activité physique, le stress, les carences en nutriments et les déficits hormonaux.

UN PROTOCOLE RÉVÉLATEUR

Le programme ReCODE mis au point par le Dr Bredesen et son équipe a été appliqué à des patients souffrant d’Alzheimer. Ce protocole personnalisé a apporté des améliorations nettes chez la moitié des patients après trois à six mois, cependant, il doit être poursuivi à vie sous peine de retour des symptômes.

Déjà, le Dr Bredesen et son équipe ont aidé des centaines de personnes qui ne pouvaient plus mener une vie normale. Désormais, ces gens ont pu retourner au travail grâce à ce protocole. La maladie serait donc réversible si on intervient sur les plans de l’alimentation, de l’activité physique et de la relaxation.

Ce protocole apporte un éclairage nouveau sur la nature de cette maladie et permet du même coup de la prévenir. Plus ce protocole est donné rapidement après le diagnostic, plus il est efficace.

UNE APPROCHE DIFFÉRENTE

Jusqu’à présent, les chercheurs se sont penchés sur l’hypothèse voulant que la maladie d’Alzheimer soit causée par une accumulation dans le cerveau de plaques bêta-amyloïdes, empêchant les neurones de fonctionner normalement. En effet, le cerveau d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer montre une augmentation pathologique de plaques bêta-amyloïdes. Donc, le but des thérapies était d’enlever ces plaques avec l’aide de médicaments, mais sans grand succès. En effet, s’ils peuvent brièvement améliorer les symptômes, ils ne retarderaient pas la progression de la maladie.

Cependant, grâce à un récent travail du neurologue-neuroscientifique Rui Tanzi à Harvard et d’autres, nous apprenons que les plaques bêta-amyloïdes reflètent la façon dont le cerveau se protège d’une infection. Il existe plusieurs explications à la présence d’infections dans le cerveau en vieillissant. D’abord, la barrière hématoencéphalique peut se dégrader avec l’âge. Puis, la santé intestinale peut aussi influencer le cerveau. En effet, en cas d’hyperperméabilité de la paroi intestinale, des agents pathogènes peuvent pénétrer dans le sang, puis dans le cerveau.

De son côté, l’équipe du Dr Bredesen a démontré qu’il existe au moins trois formes différentes de la maladie d’Alzheimer et que chacune nécessite une approche différente. De plus, ils ont découvert qu’il existe au moins 36 facteurs contribuant à cette maladie complexe.

  • QUELLES SONT LES VRAIES CAUSES DE LA MALADIE D’ALZHEIMER?

Bien que les plaques bêta-amyloïdes soient très présentes dans la maladie d’Alzheimer, le Dr Dale Bredesen affirme que sa cause primaire comprend trois facteurs qui prédisposent l’accumulation de ces plaques. Il s’agit premièrement de l’inflammation qui peut être due à des intolérances alimentaires et des infections chroniques; deuxièmement, des substances toxiques telles que des métaux lourds et des toxines; et enfin, des carences en nutriments, hormones et autres composés indispensables au fonctionnement du cerveau.

Dans la maladie d’Alzheimer, le cerveau perd de sa plasticité et sa capacité à faire de nouvelles connexions, il rétrécit. Selon le Dr Bredesen, ces trois facteurs dérangent l’équilibre neuro-plastique du cerveau. En temps normal, le cerveau crée en permanence de nouvelles connexions, mais en supprime d’autres. Ce processus doit être équilibré. Dans la maladie d’Alzheimer, le processus de suppression devient incontrôlable et le cerveau perd de sa plasticité.

QU’EST-CE QUE LE PROTOCOLE ReCODE?

Le protocole ReCODE mis au point par l’équipe du Dr Dale Bredesen cible, selon le patient, plusieurs des 36 facteurs qui contribuent à l’apparition et l’aggravation de la maladie d’Alzheimer. Ce protocole comprend des changements alimentaires, de l’exercice physique, des pratiques corps-esprit et des suppléments.

Étant donné que chaque personne est différente, des tests et des analyses sont présentés dans le livre afin d’identifier le type de maladie d’Alzheimer en cause. Puis, un protocole personnalisé est élaboré.

Voici un exemple d’un programme thérapeutique destiné à une patiente qui perd son chemin pour rentrer chez elle :

  • Élimination du sucre, du gluten et des aliments ultra-transformés;
  • Augmentation de la consommation de fruits et de légumes;
  • Pratique du yoga et de la méditation afin de réduire le stress;
  • Durée de sommeil de 7 à 8 heures par nuit;
  • Amélioration de l’hygiène buccale;
  • Reprise d’un traitement hormonal substitutif qui avait été arrêté;
  • Jeûne de 12 heures minimum entre le repas du soir et le déjeuner du lendemain ainsi qu’un intervalle de 3 heures entre le souper et le coucher;
  • Exercice physique 4 à 6 fois par semaine;
  • Prise de certaines vitamines, acides gras et autres substances.

Le Dr Dale Bredesen explique qu’il n’existe pas de médicament unique capable d’arrêter ou de ralentir la maladie d’Alzheimer. Comme il s’agit d’une maladie complexe qui fait intervenir plusieurs facteurs, la solution doit être multiple et combiner différentes stratégies d’où la mise au point de son protocole ReCODE.

Soulignons qu’en six ans d’utilisation de ce protocole, plus de 2000 personnes ont suivi le traitement du Dr Bredesen. Selon lui, « pour les malades dont la maladie vient d’être déclarée ou peu avancée, les symptômes s’inversent à coup sûr, avec un succès proche de 100%. Pour les stades plus avancés, c’est plus difficile. En moyenne, le taux de succès en ce qui concerne l’inversion des symptômes est supérieur à 50% ».

D’AUTRES RECOMMANDATIONS POUR PRÉVENIR LA MALADIE

Parallèlement aux travaux du Dr Dale Bredesen, ajoutons que le Physicians Committee for Responsible Medicine (PRCM) a publié des recommandations pour prévenir la maladie d’Alzheimer. Sept principes réduisant le risque ont été présentés lors de l’International Conference on Nutrition and the Brain qui a eu lieu à Washington en juillet 2013.

Les voici :

  • Limiter les acides gras trans;
  • Manger surtout des fruits, des légumes et des céréales;
  • Consommer 30 g de noix ou de céréales complètes par jour pour leur richesse en vitamine E, un antioxydant associé à un risque réduit de la maladie d’Alzheimer;
  • Veiller à consommer suffisamment d’aliments riches en vitamine B12 quotidiennement;
  • Éviter les compléments multivitaminés contenant du fer et du cuivre, sauf en cas de prescription médicale, car ces métaux augmenteraient le stress oxydatif;
  • Éviter les aliments qui ont été en contact avec des ustensiles de cuisine en aluminium, même si le rôle de l’aluminium dans la maladie demeure controversé. L’aluminium pourrait se révéler toxique pour les cellules nerveuses;
  • Faire l’équivalent de 40 minutes de marche 3 fois par semaine.

À ces principes, nous pouvons ajouter une supplémentation en vitamine D et en oméga-3 que l’on trouve notamment dans les huiles de poisson. En effet, il y a quelques années, des études ont confirmé le rôle joué par la vitamine D et les oméga-3 dans l’élimination des plaques bêta-amyloïdes.