Les causes de la perte de l’odorat

Par Guylaine Campion, ND et journaliste 

« C’est un roc!… C’est un pic!… C’est un cap!… Que dis-je, c’est un cap?… C’est une péninsule! » Qui ne se souvient pas de la célèbre « tirade du nez » de Cyrano de Bergerac de l’auteur Edmond Rostand? Ou peut-être vous souvenez-vous du personnage de notre enfance, Pinocchio, dont le nez s’allongeait chaque fois qu’il contait un mensonge? 

Si la vue nous permet d’admirer de magnifiques paysages et l’ouïe d’entendre de merveilleuses mélodies, grâce à l’odorat nous avons la capacité de sentir, par exemple, le doux parfum des fleurs et les capiteuses odeurs des bois. 

Malheureusement, à l’instar des aveugles et des sourds, certaines personnes peuvent perdre le sens de l’odorat.  

QU’EST-CE QUE L’ANOSMIE?

L’anosmie est un trouble de l’odorat qui se traduit par l’absence ou la perte totale de ce sens.  

Ses causes sont multiples et ce trouble de l’odorat peut avoir plusieurs conséquences dans la vie quotidienne des personnes qui en souffrent. En général, l’anosmie est bilatérale, mais elle peut parfois se manifester d’un seul côté.  

QUELLES SONT LES CAUSES?

L’anosmie peut découler de plusieurs origines. Cette perte de l’odorat peut être la conséquence d’une anomalie congénitale présente à la naissance ou d’un trouble acquis.

Précisons que l’anosmie congénitale est plutôt rare. En fait, elle serait un symptôme du syndrome de Kallmann : une maladie génétique du développement embryonnaire.  

L’anosmie acquise est beaucoup plus fréquente. Cette perte de l’odorat peut être associée à une obstruction des fosses nasales qui empêche la perception des odeurs ou à une altération du nerf olfactif.  

Différents problèmes peuvent causer une obstruction des fosses nasales :

  • Une rhinite;
  • Une sinusite;
  • La formation de polypes (excroissances) au niveau des muqueuses;
  • Une déviation de la cloison nasale.

Par ailleurs, une altération du nerf olfactif peut être causée par :

  • Le tabagisme;
  • Des intoxications;
  • Certains traitements médicaux;
  • Certaines infections (ex : virus de l’influenza ou virus herpès simplex);
  • Des hépatites virales;
  • Des traumatismes crâniens ;
  • Des méningiomes, c’est-à-dire des tumeurs souvent bénignes qui se développent au niveau des membranes recouvrant le cerveau et la moelle épinière;
  • Des maladies neurologiques.

L’anosmie peut être passagère lorsqu’elle est due à une obstruction temporaire des fosses nasales, par exemple, dans le cas d’une rhinite. Cependant, dans certains cas, l’anosmie peut être persistante ou définitive, affectant du même coup la vie quotidienne de ceux et celles qui en souffrent. Ces personnes anosmiques peuvent ressentir une sensation de mal-être pouvant mener à un état dépressif, des troubles alimentaires, des moments d’insécurité, étant incapables de détecter des signaux d’alerte tels qu’une odeur de fumée.  

COMMENT Y REMÉDIER?

Dans un premier temps, il sera nécessaire de trouver l’origine de l’anosmie. Selon le diagnostic, un traitement médicamenteux dans les cas d’inflammation des voies respiratoires, une intervention chirurgicale notamment lorsqu’une tumeur est détectée ou une psychothérapie lorsque l’anosmie entraîne des complications sur le plan psychologique, pourront être envisagés. 

PERTE DE L’ODORAT ET MALADIES DÉGÉNÉRATIVES

Une perte ou une diminution de l’odorat pourrait être le symptôme d’une maladie neurodégénérative telle que la maladie d’Alzheimer, de Huntington ou de Parkinson. En effet, ces maladies sont causées par des dommages au niveau des nerfs, dont ceux qui jouent un rôle dans le fonctionnement de l’odorat.  

D’ailleurs, selon une étude publiée dans la revue Annals of Neurology et réalisée par des chercheurs américains, les personnes qui voient leur odorat se dégrader pourraient avoir plus de risques de souffrir de la maladie de Parkinson quatre ans plus tard. 

En fait, la maladie de Parkinson est associée à une atteinte des neurones qui pourrait toucher tout d’abord les zones du cerveau impliquées dans l’olfaction. La perte de l’odorat pourrait donc être un signe du début du développement de la maladie.  

LA QUALITÉ DE L’ODORAT ET L’ESPÉRANCE DE VIE 

Vérifier la qualité de l’odorat des personnes âgées pourrait aider les médecins à prédire leur espérance de vie.  C’est du moins ce que suggère une étude parue dans Plos One et réalisée par des chercheurs de l’Université de Chicago. Cette étude démontre que les personnes ayant une forte diminution ou une perte de l’odorat ont un risque de mortalité quatre fois plus élevé dans les cinq années qui suivent que ceux qui ont un odorat qui fonctionne normalement. 

En général, la maladie ou la fragilité des patients peut aider à prédire le risque de mortalité. Pourtant, l’olfaction est un biomarqueur qui pourrait fournir une indication sur l’espérance de vie des patients, car elle est liée à divers processus physiologiques.  

« La perte de l’odorat ne cause pas directement la mort, mais c’est un présage, un signe d’alerte que des dommages ont déjà eu lieu », affirme le Pr Jayant Pinto, auteur de cette étude.  « Nos résultats pourraient fournir un test clinique utile, un moyen rapide et peu coûteux d’identifier les patients les plus à risque », ajoute-t-il. 

Les chercheurs ne savent pas exactement comment la perte de l’odorat contribue à l’espérance de vie.  Cependant, ils supposent que la perte de la capacité à identifier les odeurs pourrait être le signal d’une diminution de la régénération ou de la réparation des cellules dans l’ensemble du corps. 

Les informations fournies dans cet article ne peuvent remplacer des conseils médicaux, un diagnostic ou un traitement.