Par Marie-Christine Trépanier, journaliste
Le 21 décembre à 17h23 marquera le solstice d’hiver, le jour le plus court de l’année, et ce, en raison de l’inclinaison de la Terre par rapport au Soleil.
Dès le lendemain, le 22 décembre, les jours commenceront à rallonger pour nous conduire tranquillement vers le printemps. L’arrivée du solstice d’hiver n’est donc pas un phénomène si triste et noir puisque par la suite, nous commençons à gagner des heures de luminosité.
DEUX HÉMISPHÈRES : DEUX OPPOSÉS
Dans l’hémisphère Nord (boréal), le solstice d’hiver correspond à la nuit la plus longue de l’année alors qu’à l’opposé, il se produit autour du 21 juin dans l’hémisphère Sud (austral). Les saisons sont donc inversées. À noter toutefois que le solstice d’hiver peut avoir lieu aussi le 20, 22 et même le 23 décembre (phénomène plutôt rare!), en fonction des conditions astronomiques.
Plus précisément, avec la Terre comme référence, le solstice d’hiver est le jour de l’année où la course du Soleil dans le ciel est la plus courte et la plus basse au-dessus de l’horizon. Si on le compare aux autres jours de l’année, on peut dire que, le jour du solstice d’hiver, le Soleil se lève au plus loin de l’est, monte au plus bas au midi ou méridien (déclinaison) et se couche au plus loin de l’ouest.
En d’autres mots, la position de la Terre par rapport au Soleil parvient à son inclinaison maximale. C’est aussi le temps où l’inégalité du jour et de la nuit atteint sa limite. On vit la nuit la plus longue de l’année dans l’hémisphère Nord et la plus courte dans l’hémisphère Sud. En fait, quand nous vivons notre solstice d’hiver, nos voisins de l’hémisphère Sud, eux, sont en plein solstice d’été.
SOLSTICE OU ÉQUINOXE?
Le phénomène du solstice est à l’opposé de celui de l’équinoxe. En effet, lors de l’équinoxe du printemps ou celui de l’automne, le jour et la nuit ont la même durée. En fait, l’équinoxe est un moment de l’année où le Soleil passe d’un hémisphère à un autre. Le solstice, au contraire de l’équinoxe, marque plutôt une durée de jour minimale durant l’hiver ou maximale durant l’été.
LE SOLSTICE D’HIVER À TRAVERS L’HISTOIRE
Les solstices d’hiver et d’été sont associés à plusieurs célébrations, fêtes païennes ou religieuses dans différentes cultures à travers l’histoire. Celui d’hiver représente une date importante et un moment fort du calendrier puisqu’il est un symbole de renaissance.
Chez les chrétiens, quelques jours après le solstice d’hiver, on célèbre la naissance du Christ. La fête de Noël est un jour qui éclaire et qui redonne foi, joie et espérance. C’est le retour de la lumière. En fait, depuis plus de quinze siècles, les chrétiens, catholiques et protestants fêtent Noël le 25 décembre, soit quelques jours après le solstice d’hiver. Il ne s’agit pas d’un hasard.
Le choix du 25 décembre pour célébrer la naissance de Jésus a été institué en l’an 354 de notre ère par le pape Liberius. Mais pourquoi ce pape a-t-il choisi cette date tout au début de l’hiver? Parce que, semble-t-il, elle coïncidait chez les Romains avec une grande fête agricole Sol Invictus, c’est-à-dire : « Soleil invaincu ». Durant sept jours, soit du 17 au 24 décembre, les Romains festoyaient, décoraient les maisons et s’offraient des cadeaux.
En fait, durant le solstice d’hiver, les Romains, mais aussi d’autres cultures, craignaient que le Soleil ne disparaisse et ne revienne jamais, laissant derrière lui les ténèbres et la tristesse. Voilà pourquoi le solstice d’hiver, solsticium en latin – qui veut dire « arrêt du Soleil » – est un événement majeur de l’année.
Pour les cultures romaines, celtes et germaniques, le choix du 25 décembre marque le renouveau, la renaissance, le retour à la lumière. En somme, après quelques jours d’immobilité, le point de lever et de coucher du Soleil au-dessus de l’horizon se décale à nouveau vers le nord, si bien que les jours rallongent et la lumière revient.
En Irlande, chez les Celtes, les tombeaux des souverains étaient construits de telle manière que l’entrée à la chambre funéraire était illuminée uniquement durant cette période au lever du soleil.
LE SOLSTICE D’HIVER ET LES AMÉRINDIENS
Par ailleurs, chez les autochtones, le solstice d’hiver fait partie intégrante de leur mythologie. Pour les Premières Nations, c’est une période qu’ils nomment Pee cee magagaka qui signifie « le Soleil qui se tient immobile ». Par le passé, il s’agissait pour eux d’un moment important de réflexion et de communion. Ils se rendaient dans des tentes de sudation, et c’était aussi une occasion de pratiquer la cérémonie de la pipe, de se rassembler et de festoyer.
Les Amérindiens donnaient aussi des noms aux pleines lunes et se référaient à elles pour suivre les saisons et compter le temps. Pas étonnant que les Algonquins aient nommé celle de décembre « la pleine lune des longues nuits »!
En terminant, même si le solstice d’hiver représente la journée la plus courte de l’année, elle est remplie d’espérance. Le soleil commence à remonter dans le ciel, promesse d’une clarté en devenir. La lumière reprend le dessus sur l’obscurité. C’est la renaissance, le triomphe de la lumière, l’espoir d’un renouveau et c’est la promesse… d’un joli printemps à venir !