La périménopause

Par Nicole Renaud, ND.A membre de l’ANAQ

La périménopause est la période avant la ménopause et peut débuter dès la jeune trentaine avec des symptômes incommodants dus à une fluctuation hormonale. C’est un état du corps et de l’esprit. Certaines femmes auront plus de symptômes désagréables que d’autres.

Il faut savoir que la fluctuation hormonale de notre corps dépend grandement de notre style de vie : environnement, alimentation, activité physique, émotions. Dès l’apparition des premières règles, nous devrions prendre soin de notre corps afin qu’il se prépare déjà à la fin des règles : la ménopause. Plus nous apportons une attention à ce qui se passe en nous, mieux nous nous sentirons comme femme.

Je suggère de noter dans un cahier la longueur du cycle, le début et la durée du SPM, la longueur des règles et les symptômes s’y rattachant. Ainsi, il sera plus facile de prendre conscience de ce qui se passe en vous.

SYMPTÔMES 

La phase de périménopause en est une erratique, c’est-à-dire instable, et peut aussi bien se manifester avant les menstruations, et ce, jusqu’à une semaine après les règles. 

Certaines femmes verront leur cycle raccourcir ou s’allonger et leurs règles devenir plus abondantes; elles auront des sautes d’humeur et des douleurs aux seins en période prémenstruelle, d’autres prendront du poids et auront plus de difficulté à récupérer après un effort; il y aura une baisse de la libido et un sommeil plus ou moins bon. Ainsi, votre conjoint vous tape sur les nerfs certains jours. Tous ces symptômes peuvent apparaître ou s’intensifier en période de stress.

Comme les hormones peuvent fluctuer différemment de mois en mois, la plupart des femmes ne savent pas que ce sont des symptômes de périménopause, ceux-ci étant plus dérangeants que ceux de la ménopause.   

Le problème n’est pas seulement dû à la progestérone ou aux estrogènes, mais à un ensemble d’hormones et de situations vécues par la femme. Les toxines environnementales, comme les phtalates pour ne nommer que celles-là, auraient un impact sur les symptômes de la périménopause comme sur la ménopause. Selon les études rapportées, une quinzaine de produits chimiques influeraient sur les symptômes de la périménopause dont l’exposition au tabac.

Concernant les hormones, durant cette période, il y a une fluctuation des estrogènes chez les femmes ayant des symptômes désagréables. Chaque fois que le taux d’estrogènes baisse, le taux de sérotonine est affecté à la baisse également. On sait que la sérotonine est le neurotransmetteur qui procure paix et sérénité. Et c’est à cause de cette chute que nous pouvons avoir l’envie de sucre, des fringales de toutes sortes. Avec la baisse de sérotonine, notre taux de noradrénaline augmente considérablement ce qui provoque nervosité, palpitations, sommeil agité, troubles intestinaux. De même que le cortisol demeure stable chez les jeunes filles, il tend à s’élever avant la ménopause ce qui peut occasionner une prise de poids, des problèmes de sommeil et du stress.  

Pour ce qui est de la progestérone, cette hormone calmante, elle se voit également diminuer en période de périménopause. Ainsi, les menstruations sont plus abondantes et il y a présence de caillots. En médecine conventionnelle, on vous suggèrera la pilule pour normaliser les règles ou des antidépresseurs pour calmer la détresse émotionnelle qui est en train de vous rendre folle. 

PÉRIMÉNOPAUSE OU SPM?

Comment savoir si vous souffrez du SPM (syndrome prémenstruel) ou que vous êtes tout simplement dans votre période de périménopause? En fait, dans ces deux cas, vous souffrez de symptômes émotionnels (mauvaise humeur, irritabilité), mais dans le cas de la périménopause, les symptômes se répercutent même durant les règles et vous vous sentez bien environ sept jours par mois seulement. 

Certains symptômes apparaissent deux semaines avant les règles soit de l’ovulation aux menstruations : irritabilité, rage, énervement, dépression, sautes d’humeur, faible estime de soi, bouffées de chaleur et sueurs nocturnes.

D’autres symptômes peuvent également être éprouvés durant les règles : fatigue, tristesse, crises de larmes, insomnie, flux abondant.

Si l’activité physique ne fait pas partie de votre vie, vous êtes plus à risque d’une perte de densité osseuse. Certaines femmes seront affectées par une baisse accrue d’estrogènes et seront donc plus à risque d’une maladie cardiovasculaire : hypertension, thrombose, ou d’une prise de poids, du syndrome métabolique ou du diabète de type 2. 

Avec l’âge, il est normal d’avoir des petits « bobos » et une baisse de la capacité cognitive avec de petits oublis; plus il y a baisse importante d’estrogènes et plus ces symptômes apparaîtront tout comme les changements d’humeur, l’irritabilité, l’anxiété, la dépression, les chaleurs, l’insomnie et même la sécheresse vaginale.

C’est souvent en périménopause que les femmes se verront diagnostiquer un cancer du sein, des fibromes ou de l’endométriose.

Oui, il y a le facteur hormonal, mais il faut se poser la question : « pourquoi les hormones s’accumulent-elles? Pourquoi causent-elles ces problèmes? » Les estrogènes vont activer des récepteurs dans le sein et stimuler la prolifération des cellules. Pour prévenir, il faut s’assurer que le foie fasse bien son travail en métabolisant les hormones adéquatement.

Le changement du pH urinaire survient chez certaines femmes, affectant la flore bactérienne et celles-ci se voient aux prises avec une infection urinaire qui peut se multiplier fréquemment.

La plupart des femmes vont se plaindre uniquement de règles irrégulières, trop courtes le plus souvent et oublient les autres symptômes.

QUE FAIRE?

Il faut équilibrer la dominance en estrogènes ou l’excès d’estrogènes avec des plantes appropriées; privilégier les fibres des végétaux, légumes, fruits, légumineuses, graines, noix, psyllium, et éviter les produits laitiers, les aliments transformés, le prêt-à-manger, la restauration rapide, le sucre, l’excès de café et l’alcool. 

Il faut revoir l’alimentation, car celle-ci a un impact sur le foie et les surrénales. On verra à expérimenter une nouvelle façon de s’alimenter de 21 jours à 3 mois selon les symptômes, en omettant le gluten et le café. Selon certaines études, cette façon de faire démontre un changement au niveau de l’œstradiol, du sommeil et de l’inflammation.

La respiration telle qu’enseignée dans certains cours de yoga (inspirer en retenant l’inspiration et expirer en retenant l’expiration quelques secondes) a démontré de bons effets chez 44% des femmes ayant des chaleurs.

Le gattilier ou vitex est une plante qui aide à régulariser les menstruations en équilibrant la progestérone. L’actée à grappes noires peut diminuer les chaleurs et les troubles de l’humeur. La rhubarbe sibérienne réduit également les chaleurs, les sueurs nocturnes, l’anxiété et le cerveau embrouillé.

L’huile de bourrache, l’huile d’onagre, la vitamine E, les oméga-3 seront utiles pour certaines femmes. Le DIM, l’indole-3-carbinol, provenant des crucifères, et le calcium-D-glucarate aideront le foie à mieux métaboliser les estrogènes et à éliminer les toxines. Les hormones bio-identiques peuvent également être une avenue.

Par contre, il faut savoir que nous avons besoin d’une combinaison de vitamines et minéraux afin que la transformation d’une hormone vers une autre ait lieu. C’est le cas de la vitamine B6 à raison de 50 à 100 mg par jour et du magnésium sous forme de byglycinate à raison de 200 à 400 mg par jour durant deux semaines par mois, ainsi que la vitamine E et le zinc.

Plusieurs compagnies fabriquent un supplément qui aide à normaliser le taux d’estrogènes par le foie et ainsi contribue à améliorer l’équilibre hormonal. 

Il ne faut pas surtout pas oublier d’éliminer le plus possible les perturbateurs endocriniens (voir mon article précédemment). Le Dr Dominique Belpomme, cancérologue, en parle dans son livre « Comment naissent les maladies… et que faire pour rester en bonne santé ». Les perturbateurs endocriniens influent sur le système hormonal et les cellules de tout l’organisme.

RÉFÉRENCES :

  • Kaur, Sat Dharam.2005. The Complete Natural Medicine Guide to Women’s Health. Éd. Robert Rose : Toronto
  • Lee, John R. 2007. Tout savoir sur la périménopause. Ed. Sully : France
  • Lundin, Mia. 2011. Aux femmes qui ont l’impression de devenir folles. Les éditions de l’homme : Québec
  • Northrup, Christiane. 2010. La sagesse de la ménopause. Éd. Ada : Québec