Il y a cannabis… et cannabis!

Par Dre Lyne Desautels, médecin de famille, directrice médicale et propriétaire du CMIE, clinique médicale privée

Le cannabis récréatif est sur le point d’être légalisé au Canada, mais saviez-vous que le cannabis thérapeutique ou médicinal est déjà permis au pays depuis 2001? Découvrez l’usage actuel de cette plante utilisée à des fins thérapeutiques depuis des milliers d’années.

Il y a plus de 400 ans av. J.-C., on utilisait le cannabis médicinal pour traiter la malaria, la constipation et les syndromes douloureux. Plus près de nous, la reine Victoria – eh oui! – faisait usage de cannabis pour traiter ses crampes menstruelles.

Depuis quelques années, les scientifiques étudient cette plante avec une grande attention. On sait maintenant que le cannabis est composé de plusieurs constituants dont les deux principaux cannabinoïdes (il y en a plus de 70 types!) sont le tétrahydrocannabinol, communément appelé le THC, et le cannabidiol, connu sous le nom de CBD.

De récentes recherches ont permis de mieux comprendre l’activité biologique et thérapeutique du THC et du CBD. Ces substances agissent dans notre corps sur des récepteurs appelés CB1 et CB2 qui sont situés principalement dans notre système nerveux central et périphérique ainsi que dans notre système immunitaire.

PLUSIEURS INDICATIONS

Le THC stimule l’appétit et améliore la qualité du sommeil. Il agit aussi comme antinauséeux, analgésique et substance psychoactive. Il faut toutefois faire attention au dosage qui peut être la cause de certains effets indésirables. De là, l’importance de bien encadrer, suivre et doser son utilisation à des fins médicales.

À l’inverse du THC, le CBD n’a pratiquement pas d’effet psychoactif. Ses principales propriétés sont anti-inflammatoires. Le CBD agit aussi sur les plans neurologique et anxiolytique, et permet une amélioration de certains symptômes, dont les problèmes de mémoire, les spasmes, les crises convulsives et la rigidité (dans la sclérose en plaques). On peut même l’utiliser dans un contexte de sevrage d’opiacés, des substances qui tuent des milliers de personnes annuellement.

DES EFFETS INDÉSIRABLES

La plupart des effets indésirables du cannabis sont attribuables au THC et varient selon la quantité consommée. Parmi les principaux : la somnolence, les étourdissements, la bouche sèche, quelques palpitations et parfois les troubles de mémoire.

Les effets positifs et négatifs du cannabis fluctuent aussi selon la façon de le consommer. On peut l’inhaler, le vapoter, l‘ingérer en huile ou dans les aliments, et l’appliquer topiquement.

Actuellement au Québec, le cannabis médicinal doit être prescrit par un médecin. Ce médecin doit faire partie d’un programme de recherche clinique.

Le médecin doit prescrire selon le problème de santé, l’âge et la situation de la personne, et agir avec prudence en tenant compte de certaines contre-indications : par exemple, l’âge peut être un facteur prédéterminant. Chaque cas est unique et ce pourquoi il faut analyser les « pour » et les « contre ».

De plus, dans un contexte de légalisation du cannabis, le monitoring du patient devient très important, car il y a de réels enjeux de consommation sécuritaire. Mais avec le cannabis médical, ces enjeux sont mieux encadrés.

En somme, le cannabis médicinal peut offrir de grandes possibilités thérapeutiques et sécuritaires s’il est prescrit de la bonne façon à la bonne personne. Il pourrait même aider à améliorer la qualité de sa vie!