Par Nicole Renaud, ND. A. membre de l’ANAQ
(Première partie)
Connaissez-vous la firme Monsanto? Le Roundup, ça vous dit quelque chose? Et le glyphosate? Plusieurs personnes à qui je pose la question me répondent par la négative. On ne connaît ni cette compagnie, ni cet herbicide, ni cette molécule qui est au cœur des recherches et des poursuites depuis plus d’une dizaine d’années déjà. Marie-Monique Robin, journaliste d’enquête et réalisatrice de documentaires, a écrit le livre Notre poison quotidien en 2011 dénonçant la responsabilité de l’industrie chimique dans l’épidémie des maladies chroniques. Aujourd’hui, elle lance un nouvel ouvrage : Le Roundup face à ses juges.
QU’EST-CE QUE LE ROUNDUP?
D’abord, sachez que la compagnie Monsanto est une grosse entreprise multinationale spécialisée dans les biotechnologies agricoles. C’est aussi un fabricant de semences génétiquement modifiées. Le Roundup est un herbicide renommé dont l’agent actif, le glyphosate, fait état de nombreuses recherches et études par son action cancérigène et perturbatrice endocrinienne. Cet herbicide est commercialisé depuis 1975 puis mis en marché par une centaine de firmes dans 130 pays.
Depuis 20 ans, on décrie l’utilisation des herbicides à base de glyphosate (HBG) comme étant dangereuse pour la santé. En 2017, une poursuite a été intentée contre Monsanto par près de 3 000 victimes d’un lymphome non hodgkinien, un cancer attribué au Roundup. Cet événement a d’ailleurs fait la une aux États-Unis.
Au début de sa création, en 1964, le glyphosate était utilisé pour détartrer les cuves industrielles. Par la suite, en 1969, il fut breveté comme antibiotique, et utilisé dans la fabrication de désherbant. Les formules commerciales d’aujourd’hui sont à base de glyphosate, mais contiennent également des molécules 10 à 1 000 fois plus toxiques. Monsanto affirme que le glyphosate n’est pas plus toxique que le sel de table. Bien voyons!
Non seulement Monsanto commercialise des semences OGM (organismes génétiquement modifiés), mais en plus de vendre ses herbicides, fait de l’épandage à base de glyphosate partout dans le monde. En 1974, on évaluait à 3 200 tonnes l’utilisation de cet herbicide, tandis qu’en 2014, on en épandait plus de 825 000 tonnes. Si on ajoute à cet agent d’autres substances actives : des herbicides, l’atrazine, interdit en Europe, le chlorpyrifos, maintenant interdit sur les gazons, et les néonicotinoïdes faisant disparaître peu à peu les abeilles, on remarque une nette augmentation des dangers pour la santé, l’environnement et la vie aquatique.
LES OGM
Les OGM sont, à l’insu de la population, bien plus dangereux qu’on le pense. En effet, les céréales, les légumineuses, et quelques petits fruits s’ajoutent au maïs, au canola et au soya génétiquement modifiés. Parce qu’en les modifiant génétiquement, comme le soya, le maïs et le coton, ces végétaux peuvent absorber les pesticides à base de glyphosate sans en mourir. De plus, non seulement ces HBG sont utilisés pour l’agriculture, mais ils le sont aussi pour les pâturages, les boisés, les forêts et même la culture des arbres de Noël et de plantes ornementales.
Personne ou presque n’est au courant que le permis d’utilisation de cet HBG a été renouvelé au Canada grâce au vote des députés fédéraux pour une autre période de 15 ans. Ce qui veut dire que cet agent se retrouvera encore dans notre eau, notre air ainsi que nos aliments. Or, en Amérique du Nord, le glyphosate est répandu fréquemment en prérécolte sur les plantes non transgéniques : blé, orge, avoine, canola, lin, pois, lentilles, haricots secs et soya.
Le phytogénéticien André Comeau, retraité d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, a calculé que, mondialement, l’utilisation du Roundup dans les champs pourrait atteindre en tonnage l’équivalent de 120 pétroliers. Autrefois pro-OGM, ce généticien estime s’être fait mentir par les multinationales. Au début de l’homologation de ce produit, ça ne devait pas nuire à autre chose qu’aux plantes! Voir à cet effet l’article paru dans Le Soleil de Québec en février 2018. https://www.lesoleil.com/actualite/marche-contre-les-ogm-et-monsanto-a-quebec-b4473bbdc4d0cd2f6de9582db5eec8db
À l’été 2017, l’Agence canadienne d’inspection des aliments analysait 3 188 échantillons dont 30% contenaient des résidus de glyphosate. Qu’est-ce qu’on attend pour crier haut et fort qu’on n’en veut pas? Le gouvernement canadien accepte plus de 46 substances qui sont pourtant interdites ailleurs dans le monde. Il ferme les yeux sur les antibiotiques donnés aux animaux en refusant de les identifier, tout comme pour les OGM et le saumon transgénique.
EFFETS SUR LA SANTÉ
Savez-vous ce que tout cela implique sur la santé? Des pays comme le Sri Lanka ont complètement banni l’usage des herbicides à base de glyphosate, d’autres comme le Danemark ont bifurqué vers l’agriculture biologique, justement à cause des effets des HBG sur la santé de leur population.
Chaque année, un article paraît dans les médias comme quoi il n’y a pas de différences entre un aliment biologique et non biologique. Quoi encore? Pensez-vous qu’on va parler contre la plus grosse compagnie au monde distribuant les pesticides à base de glyphosate? Pensez-vous qu’on va vanter les mérites des fruits et légumes biologiques? Ce serait d’affirmer que le glyphosate est dangereux. Et Monsanto le nie. Pourtant la littérature scientifique parle des maladies s’y reliant.
Voici les corrélations établies (réf. Dr André Comeau, phytogénéticien, professeur émérite U. Laval 2017). « Au début, on ne l’a pas cru! », dit le Dr Comeau. Se rappeler qu’une preuve robuste ou solide, appelée « preuve-béton » aurait une corrélation de 1,0 (100%).
Alzheimer : 0,93; autisme : 0,99; maladie de Crohn : 0,94; maladies rénales : 0,98; diabète : 0,98; cancer de la thyroïde : 0,98
Il est prouvé qu’avec la vaporisation de Roundup, les sols deviennent dépourvus de minéraux nécessaires à la bonne santé des humains, dont le fer, le cobalt, le manganèse, le zinc, si nécessaires au système de défense et autres systèmes de l’organisme autant animal que végétal. On a retrouvé, dans les cas de fermes laitières où les vaches étaient nourries aux céréales OGM, une absence de cobalt dans l’urine de ces vaches. Cela les rend malades. Les vaches ont besoin de 130 mg de cobalt par jour. Sans oublier le manganèse.
De plus, il y a quelques jours (j’écris cet article en février), Avaaz, cette organisation non gouvernementale internationale de cybermilitantisme, pour laquelle vous pouvez signer des pétitions, a reçu une injonction de la compagnie Monsanto afin qu’il n’y ait plus de pétitions à signer contre celle-ci et, pire encore, cette dernière exige tous les documents signés par des milliers de personnes dans le monde. Elle veut qu’on l’ignore, ou plutôt qu’on l’adule. Il n’y a pas que la planète qui en souffre, mais VOUS en souffrez.
Les résidus du glyphosate qui se retrouvent dans certains aliments que nous mangeons affectent notre microbiome (les différentes bactéries de notre intestin). Les toxines résiduelles se retrouvent dans les intestins, jouant sur les jonctions intestinales si l’individu est à risque : facteurs génétiques, facteurs environnementaux, flore intestinale déséquilibrée. Les lactobacilles dans l’intestin jouent un rôle primordial non seulement pour le système immunitaire, mais aussi pour le cerveau. Le glyphosate ayant une action antimicrobienne, faisant fructifier les mauvaises bactéries qui se rendent au cerveau – voir à cet effet mon article L’intestin, votre deuxième cerveau – rend ainsi les enfants plus à risque du spectre de l’autisme. Le glyphosate agit en expulsant les bons nutriments tout en prenant leur place, dérangeant ainsi les bonnes bactéries de l’intestin. Les minéraux du sol sont captés par le glyphosate.
Dans les faits, le glyphosate fait sortir les bons nutriments des aliments que nous mangeons avant que le corps ne puisse les assimiler. Par conséquent, nous absorbons moins de vitamines et de minéraux. Depuis plus de 20 ans que les recherches abondent dans ce sens. Par conséquent, comme le manganèse est primordial pour les mitochondries de nos cellules, et pour la détoxication, ce que les enfants autistes manquent, ils se retrouvent alors en excès de glutamate. Attention, on ne dit pas ici que seul le glyphosate est responsable de l’autisme, mais il est une cause majeure. On a aussi relié l’ingestion de glyphosate à la stéatose hépatique non alcoolique – foie gras. Elle affecterait de plus en plus la population humaine autant en Amérique qu’en Europe.
Chez les personnes à risque, on retrouvera des problèmes de santé allant de l’intestin hyper perméable à l’autisme; certaines études affirment même la baisse de fertilité puisqu’en affectant le microbiome, on pénalise également la production de sérotonine et de testostérone. Les microvillosités seront perturbées, permettant alors l’entrée dans le sang de molécules indésirables et faisant également augmenter les levures normalement présentes dans notre côlon. Nous savons que 80% de nos cellules immunitaires sont concentrées autour de l’intestin.
Madame Jacqueline Lagacé, auteure de deux livres sur l’inflammation, l’explique bien sur sa page dont l’adresse apparaît ci-après : https://jacquelinelagace.net/2013/07/08/que-savons-nous-a-ce-jour-des-dangers-potentiels-des-ogms-et-des-pesticides-associes/ et, de plus, très bien référencée.
En 2015, le centre de recherche internationale sur le cancer (CRIC) publiait la conclusion de 17 experts de 11 pays différents comme quoi le glyphosate est un cancérigène probable pour les humains. C’est un perturbateur endocrinien, affectant nos glandes telles la thyroïde, les surrénales, l’hypophyse, les ovaires et les testicules. En effet, toutes ces études montrent l’évidence du danger du glyphosate provoquant cancer, stérilité, fausses couches, malformations congénitales dont l’atrésie de l’oesophage (voir entre autres l’histoire de Sabine Grataloup), troubles neurologiques et immunitaires. Pourquoi probable et non certain? Parce que les avocats et les spécialistes de Monsanto font des mains et des pieds pour contredire ces études.
Comme je l’ai mentionné plus haut, cet agent toxique qu’est le glyphosate cause des dégâts à notre écosystème : plantes, poissons, eaux, tous les animaux qui mangent des OGM, et pourrait même être responsable du réchauffement de notre planète.
(à suivre)
SOURCES :
- https://detoxproject.org/glyphosate/glyphosate-chelating-agent/
- https://yournewswire.com/monsanto-roundup-cancer-causing/
- https://www.lesoleil.com/actualite/marche-contre-les-ogm-et-monsanto-a-quebec-b4473bbdc4d0cd2f6de9582db5eec8db
- https://convergencealimentaire.info/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Marchands_de_doute
- https://www.vigilanceogm.org/analyse-de-lepisode-ogm-pharmachien/
- ROBIN, Marie-Monique, 2011. Notre poison quotidien. Montréal : Ed. Stanké
- ROBIN, Marie-Monique, 2017. Le Roundup face à ses juges.