Par Marie-Christine Trépanier, journaliste
On a toujours cru que les hommes préhistoriques étaient tous des carnivores qui dévoraient des steaks de mammouth! Mais voilà que de nouvelles études nous démontrent que leur régime alimentaire était plutôt diversifié avec des graines, des fruits, des feuilles, des fleurs et des céréales. En fait, on nous apprend que certains d’entre eux étaient même des végétariens. Les chercheurs en sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé du tartre dentaire vieux de 42 000 à 50 000 ans de quatre hommes du Néandertal d’Europe (deux du Sud et deux du Nord). Cette étude a été publiée dans la revue Nature en mars 2017.
DES ADEPTES DU FLEXITARISME
La méthode flexitarienne consiste à manger moins de viandes et de protéines animales, et plus de fruits, de légumes, de légumineuses et de céréales. En somme, les adeptes du flexitarisme sont des « végétariens à temps partiel »!
On peut maintenant affirmer que les hommes de la préhistoire avaient un régime alimentaire très varié dans lequel la viande n’était pas nécessairement prioritaire. Le régime alimentaire était différent selon les régions. Par exemple, les Néandertaliens des steppes de la grotte de Spy en Belgique se nourrissaient surtout de protéines animales, c’est-à-dire de rhinocéros laineux et de mouflon accompagnés de champignons. Pour leur part, ceux des forêts montagneuses d’El Sidron en Espagne ne consommaient vraisemblablement aucune viande, se contentant plutôt de pignons de pin, de mousse et d’écorces.
Les spécialistes ont pu dresser les profils alimentaires de nos ancêtres de la préhistoire en analysant leur tartre dentaire, mais aussi les micro-usures des dents qui diffèrent selon les aliments consommés. Ces analyses ont permis de découvrir si les végétaux avaient été consommés crus, cuits, bouillis ou rôtis. Fait intéressant : une vingtaine d’études ont démontré que l’homme de Néandertal tout comme l’Homo sapiens, mettaient à leur menu des pistaches, des dattes, des bulbes de nénuphar, des herbacées, du blé vert et même des bouillons de céréales sauvages.
On aurait donc exagéré le fait qu’ils soient carnivores. Si on les a imaginés en « chasseurs invétérés », c’est que les chercheurs auraient été trompés par l’abondance de gros ossements sur les sites, ces gros os se conservant mieux que les petits et que les restes de végétaux. Des légumes verts à feuilles ont été identifiés dans le tartre dentaire de nos ancêtres de même que des résidus de bulbes de joncs. Ces derniers, riches en hydrates de carbone ont pu les aider durant l’hiver quand la viande des animaux chassés était trop maigre. En fait, les bulbes de jonc étaient les pommes de terre de l’époque! Les chasseurs auraient été attirés par ces aliments trouvés dans des marécages par instinct de survie.
LA DIVERSIFICATION ALIMENTAIRE SELON L’ÉPOQUE
À travers le temps, les hominidés se sont nourris de différents types de végétaux et de protéines animales. On remarque qu’à partir de -300 000 ans, les humains du paléolithique moyen et supérieur avaient des habitudes alimentaires différentes en fonction du climat de la région où ils vivaient. Au Nord, on mangeait beaucoup de viandes alors qu’au Sud, on se nourrissait de beaucoup de plantes.
Vous trouverez ci-dessous un tableau indiquant les choix alimentaires des hominidés selon les périodes.
Ajoutons en terminant que la maîtrise de la cuisson a bouleversé l’alimentation de nos ancêtres. En effet, la nourriture plus molle et prédigérée a permis de transformer les mâchoires (beaucoup moins proéminentes) et de voir apparaître des dents plus petites.
LUCY : -3,5 millions d’années | ||
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PREMIERS HOMO : – 2 millions d’années | ||
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HOMO ERECTUS : – 1,5 millions d’années à – 300 000 ans | ||
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NÉANDERTAL : – 350 000 à – 40 000 ans | ||
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HOMO SAPIENS : Paléolithique supérieur : – 30 000 à – 10 000 ans | ||
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Mésolithique : – 10 000 à – 5 000 ans (Europe) | ||
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Néolithique : – 6 500 à – 3 000 ans (Europe) | ||
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Source : www.sciencesetavenir.fr