Cépages et climat

Par Marc-André Gagnon | vinquebec.com

Lors du salon des vins de la célèbre sommelière Véronique Rivest en juillet à Gatineau, j’ai été fortement étonné de la qualité des vins québécois qui y étaient présentés. J’y ai peu rencontré de ces vins vifs, très acides, rustiques, acerbes et rêches qui ont fait la mauvaise réputation des vins québécois auprès des grands amateurs de vin d’ici. Tout au contraire, il y avait là des vins savoureux dépourvus de tout défaut.

Le Saint-Laurent du Domaine du Fleuve était d’une grande fraîcheur. Il est pourtant fait d’un cépage rustique : le saint-pépin créé au Wisconsin. Le riesling de la même maison était aussi délicieux.

Que s’est-il passé en quelques années pour que des vins du Québec atteignent un niveau de qualité comparable à plusieurs vins de l’Europe ? Il y a bien sur l’expérience et la connaissance approfondie de la viticulture en plus du perfectionnement des techniques de vinification.

Il y a aussi le réchauffement climatique qui n’épargne pas le Québec et qui touche particulièrement l’ouest et le sud de la province. Il fait plus chaud, la belle saison est plus longue. Les raisins sont plus matures, plus fruités et contiennent plus de sucre.

Plusieurs producteurs présents à ce Salon des Assoiffés m’ont juré ne plus chaptaliser leur vin. Ils disent ne plus avoir besoin d’ajouter du sucre à la fermentation pour atteindre un bon niveau d’alcool de 12-13 degrés.

De plus, ils affirment ne plus désacidifier leurs vins. Les raisins mûrissent maintenant plus longtemps et perdent ainsi naturellement une partie de leur surplus d’acide.

Finalement, certains de ces vignerons d’ici utilisent maintenant des cépages nobles, des cépages européens : riesling, pinot noir, pinot gris, chardonnay et autres. Ce sont des cépages qui donnent des vins plus aromatiques et plus complexes.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Le réchauffement climatique semble pour le moment être favorable aux vignerons du Québec. Cependant, ce n’est pas nécessairement le cas pour les vignerons européens. Il commence à faire trop chaud dans certaines régions d’Europe. Le soleil tape fort, les orages, la grêle et le gel peuvent être violents, et malgré cela, il peut manquer d’eau.

Les vignerons de plusieurs régions songent donc à modifier leurs pratiques culturales et même à changer la composition de leurs vins. C’est-à-dire qu’ils remettent en question les choix de cépages traditionnels. Certains de ces cépages souffrent de ces changements climatiques.

« Le secteur du vin fait face au dérèglement climatique depuis les années 80, mais depuis les années 2000, c’est devenu un enjeu clé pour l’industrie entière. Le changement climatique est déjà un problème majeur en Europe du Sud (qui représente 50% de la production mondiale de vin), toute la filière doit donc être en alerte. »

C’est ce qu’affirme Patrice Geoffron, professeur de sciences économiques à l’Université Paris-Dauphine et président du comité d’orientation de la Chaire d’Économie du Climat.

« Notre première conclusion est que ces canicules se sont réchauffées de 4 °C depuis le début du XXe siècle. On assiste à un décrochage entre, d’un côté, la température moyenne de l’atmosphère, qui a augmenté de 1,5 °C en 100 ans, et celle des événements extrêmes, dont l’augmentation est beaucoup plus forte et plus imprévisible », dit Robert Vautard, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (Versailles).

Les vignerons de Bordeaux se préparent au changement climatique en adoptant des cépages d’autres régions et même d’autres pays. Ils ajoutent sept nouveaux cépages au merlot et cabernets traditionnels, dont le marselan, le petit manseng et même l’alvarinho et le touriga nacional du Portugal. Ce sont des cépages tardifs qui mûrissent plus tard, donc mieux adaptés au réchauffement climatique de la région de Bordeaux. Les Bordelais se donnent 10 ans pour faire des tests avec ces cépages.

Même plus au nord, en Champagne, on se prépare au réchauffement. On y fait des tests sur des cépages aux noms inconnus, tels le voltis, le floreal, l’artaban et le vidoc. On y fait aussi des essais de croisement avec le chardonnay et les pinots actuellement utilisés pour faire du champagne.

On retourne aux cépages anciens, plus tardifs, plus acides, moins sucrés, donc plus faibles en alcool. Ces cépages sont moins sensibles aux canicules plus précoces et plus longues depuis quelques années, moins sensibles aussi aux gels printaniers puisqu’ils mûrissent plus tard. Ils ont été abandonnés parce que très acides et moins forts en alcool, ce qui était un défaut alors, mais une qualité aujourd’hui!

D’ici 30 ans, la vigne poussera plus facilement dans les régions nordiques, comme l’Angleterre, la Belgique et le Québec. D’ailleurs, l’on plante de plus en plus de vignes dans ces pays et même en Suède !

Il faut donc s’attendre à de grands changements dans le domaine viticole au cours des prochaines années. D’ici là, goûtons de bons vins biologiques.

Blés Blanco 2018

Le nez est franc, floral et légèrement sauvignonné. C’est frais, léger, assez vif et citronné en bouche. Avec en plus une petite sensation de perlant. La finale est chaude. C’est un bon rapport qualité-prix. Cépages : macabeo et sauvignon blanc. Région de Valence. La contrétiquette dit que le vin « convient aux végétaliens ». Alc. 12 %. Sucre 2 g/l.

13792422   Prix : 13,95 $

Parallèle 45, Jaboulet, Côtes du Rhône 2016

Un bon vin rouge du Rhône bien fait, bien équilibré d’un fruité frais sur des tanins souples. Une belle texture juteuse. Un vin pas compliqué et passepartout. Grenache, syrah et mourvèdre. Cette cuvée est maintenant biologique. Servir frais à 14 degrés. Alc. 14 %. Sucre 2,9 g/l. Vendu aussi dans les 10 SAQ-Dépôts.

332304   Prix : 16,00 $

Mas las Cabes, Roussillon 2017

Rouge foncé, aromatique, fruits noirs. Un vin rouge du Roussillon ample, corsé, costaud et doté d’une belle structure. Fruité, saveurs de cerise, de kirch. Longue finale légèrement chaleureuse. Très bon. Syrah 60 %, grenache 30 % et mourvèdre. Alc. 14 %. Sucre 1,6 g/l. Producteur Jean Gardiés.

11096159   Prix : 17,40 $ 

Prà Morandina, Valpolicella 2017

Un valpolicella léger, frais, épicé et aromatique. J’aime ce type de vin élégant et gouleyant. Des vins de soif. Des vins que l’on boit sans peur et sans complexes. Il a de belles saveurs de cerise. À servir légèrement rafraîchi à 15 degrés. Cépages: corvina, corvinone, rondinella et oseleta. Alc. 12,5 %. Sucre 4,2 g/l.

12131964   Prix : 24,35 $