L’Action de grâce : abondance et reconnaissance envers la nature

Par Marie-Christine Trépanier, journaliste

Cette année, on célèbre l’Action de grâce le 14 octobre. 

À l’origine, l’Action de grâce était une fête religieuse pour remercier Dieu pour l’abondance des récoltes, la générosité de la terre et toutes les grâces reçues durant l’année. Durant cette journée en plein cœur de l’automne où la nature resplendit avec ses couleurs, il est bon de prendre le temps de s’arrêter pour apprécier sa beauté, les trésors de la terre, les plaisirs d’un bon souper en famille et tous les moments de bonheur vécus durant l’année. On oublie les ennuis quotidiens et les petits tracas de la vie pour prendre un arrêt et vivre au rythme de notre Terre-Mère.  

UN PEU D’HISTOIRE

Bien avant l’arrivée des premiers colons d’Europe, les peuples autochtones tenaient des festins communaux pour célébrer les récoltes automnales. Selon la Smithsonian Institute, certaines Premières Nations cherchaient à s’assurer de bonnes récoltes avec des danses et des rituels. Pour leur part, les colons européens avaient importé une tradition de célébration des récoltes qui remonte aux sociétés paysannes européennes avec pour symbole la corne d’abondance. 

L’explorateur anglais Sir Martin Frobisher et son équipage ont été les premiers Européens à célébrer l’Action de grâce en Amérique du Nord en 1578, plus précisément dans l’est de l’Arctique. Leur repas était composé de bœuf salé, de gâteaux secs et de purée de pois. 

Outre ce repas, une cérémonie de communion et de remerciements de l’aumônier du navire, Robert Wolfall, faisait partie des célébrations. On dit que dans son sermon, cet aumônier les encourageait à remercier Dieu de les avoir miraculeusement épargnés du danger des eaux où ils naviguaient. Puis, cette tradition s’est poursuivie à Port-Royal par les habitants de la Nouvelle-France sous l’autorité de Samuel de Champlain en 1606 et à laquelle les familles micmaques de la région étaient aussi invitées. 

Le premier jour national de l’Action de grâce a été officiellement célébré dans la « Province du Canada » en 1859 et était organisé par les dirigeants du clergé protestant. La fête cherchait à souligner de manière « solennelle et publique » la miséricorde de Dieu. Puis, le 31 janvier 1957, après être passé d’une date à l’autre au fil du temps, on décrétait que l’Action de grâce serait dorénavant célébrée tous les deuxièmes lundis du mois d’octobre, le qualifiant de « jour où l’on rend grâce à Dieu Tout-Puissant pour les récoltes abondantes dont il bénit le Canada ».  Il s’agit donc d’une journée pour célébrer les récoltes et tous les bonheurs reçus durant l’année.

LES ÉTATS-UNIS ET LE « THANKSGIVING DAY »

Aux États-Unis, l’Action de grâce est célébrée le quatrième jeudi de novembre et est appelée « Thanksgiving Day ».  La sagesse populaire nous permet de croire que le Canada étant plus au nord que les États-Unis, les récoltes arrivent en principe plus tôt, et nous fêtons donc la récolte plus tôt également. 

Malgré tout, les Américains fêtent aussi le deuxième lundi d’octobre. Pour eux, c’est la célébration du Columbus Day, le « Jour de Colomb », afin de souligner la découverte des Amériques par Christophe Colomb, qui, dit-on, aurait foulé le sol de l’Amérique le 12 octobre 1492.  

LE REPAS TRADITIONNEL DE L’ACTION DE GRÂCE 

L’Action de grâce est donc la fête de la récolte que l’on représente souvent par une corne d’abondance et des citrouilles. Le repas traditionnel de l’Action de grâce est composé de dinde, farce, purée de canneberges, légumes d’automne et, bien entendu, de tarte à la citrouille. Depuis des siècles, la dinde a toujours fait partie du repas traditionnel de l’Action de grâce. Au temps de Samuel de Champlain, on trouvait de la dinde seulement en Amérique du Nord (dindon sauvage, gibier). 

La dinde est aussi très symbolique aux États-Unis. D’ailleurs, le président américain en profite toujours pour gracier une dinde à l’Action de grâce. La tradition veut donc que l’on présente à nos invités une dinde entière rôtie au four pendant des heures dans son jus. Il semblerait que les Canadiens achètent en moyenne trois millions de dindes chaque année pour célébrer l’Action de grâce. Cela représente environ le tiers de toutes les dindes achetées au Canada durant l’année au complet!

Dans le repas traditionnel de l’Action de grâce, on retrouve aussi les canneberges. Pourquoi? Parce que les Algonquins ont été les premiers à récolter les canneberges sauvages. Ils les utilisaient à la fois comme nourriture et médicament. Pour eux, les canneberges symbolisaient aussi un signe de paix, c’est pourquoi elles sont servies lors du souper traditionnel de l’Action de grâces. Les Algonquins du Wisconsin appelaient la baie de canneberge « atoqua », d’où vient le nom québécois « atoca » pour les désigner. De leur côté, les premiers colons en ont fait usage pour soulager le scorbut.  

Au dessert, c’est la tarte à la citrouille qui domine les tables au souper de l’Action de grâce. Pourquoi? Parce que c’est le temps de l’année où elle abonde dans les champs. 

QUOI FAIRE À L’ACTION DE GRÂCE?

Au Québec, la fête de l’Action de grâce est moins populaire. Les Québécois profitent surtout de cette dernière fin de semaine de trois jours (le lundi est férié) et des derniers beaux ensoleillés de l’automne. Mais cette année, pourquoi ne pas en faire une fête rituelle en communion avec la nature? Voici quelques suggestions…

Marchez en forêt

La forêt et la montagne nous appellent avec leurs couleurs multicolores. C’est un bon moment pour pratiquer la sylvothérapie ou le « bain de forêt » qui consiste à se promener en forêt et faire des câlins aux arbres tout en éveillant nos sens. On marche lentement, on se recueille et s’apaise au contact des arbres. On regarde la beauté des couleurs automnales, on écoute le chant des oiseaux, on sent le parfum de la forêt, on goûte sa fraîcheur et on touche les arbres si énergisants. On fait UN avec la nature, et on la remercie pour tout ce qu’elle nous offre jour après jour. 

Visitez un vignoble ou une ferme

Une belle journée à l’extérieur de la ville dans un vignoble ou une ferme est une bonne occasion pour rencontrer des producteurs de chez nous et faire de nombreuses belles découvertes en famille. 

Promenez-vous dans les marchés publics

Profitez de toute l’exubérance qui existe dans les marchés publics en ce temps de récoltes. Ils regorgent de fruits et de légumes frais produits chez nous. Une belle occasion pour acheter local! 

Plantez vos bulbes

Mettez les mains à la terre et prenez quelques heures encore à jardiner avant que Dame Nature ne s’endorme pour l’hiver. 

Tenez un journal de gratitude

En ce jour de l’Action de grâce, pourquoi ne pas entreprendre la tenue d’un journal de gratitude où l’on inscrit toutes les belles choses qui nous arrivent dans nos vies :  les bonnes nouvelles, les succès, les sourires, les moments de joie et de bonheur, les petits plaisirs au quotidien, etc.

Remerciez une personne importante

Pourquoi ne pas inviter au souper familial une amie importante dans notre vie, une voisine ou une collègue de travail, lui rappeler la chance que nous avons de pouvoir bénéficier de sa présence et lui dire : « Merci »!