Par Marie-Christine Trépanier, journaliste
Durant le temps des Fêtes, on retrouve souvent notre cœur d’enfant avec toute cette lumière, cette magie et cette féérie qui nous envahit. On a envie de replonger dans les contes et légendes qui ont marqué notre enfance. Le plus célèbre des druides Merlin l’enchanteur et le roi Arthur en font partie! On associe souvent toute la culture celtique à l’Irlande, la Grande-Bretagne et la Bretagne.
En fait, les druides vouaient un amour profond pour la nature, les arbres et les plantes. Ils habitaient la forêt où ils y célébraient leurs cérémonies. La nature faisait partie intégrante de leur vie et ils en possédaient une connaissance sacrée.
Partir à la découverte de leurs secrets et mythes au sujet des plantes et des arbres, c’est découvrir une sagesse ancestrale qui touche notre imaginaire et nous plonge dans l’univers druidique, les rituels et différentes utilisations des trésors de la nature.
LE REGARD DES DRUIDES SUR LES PLANTES ET LES ARBRES
Les druides étaient à la fois médecins, chamans, magiciens et philosophes. Ils pratiquaient la divination pour parfaire leur diagnostic et pouvaient traiter les symptômes avec des remèdes tout en invoquant les esprits et en recherchant les causes profondes de la maladie.
Ils considéraient la plante ou l’arbre comme un être vivant doté d’un esprit et dont l’énergie pouvait guérir l’humain, le transformer. Arbres et plantes étaient source d’inspiration et messagers des dieux ou de la Déesse. Dans la culture celtique, la Déesse et les divinités guérisseuses étaient invoquées pour la guérison.
Les plantes suivent le rythme des saisons. Leur énergie vitale se trouve dans les racines en hiver, dans les feuilles, les branches et les fleurs au printemps, dans les fleurs et les fruits en été et dans les fruits, les graines et l’écorce à l’automne. Par conséquent, les récoltes des parties de la plante se faisaient traditionnellement en suivant le calendrier solaire. Donc, en général, les racines étaient récoltées pendant le solstice d’hiver de préférence la nuit, les feuilles le matin à l’équinoxe du printemps, les fleurs au solstice d’été vers midi, les fruits l’après-midi aux fêtes lunaires de fin d’été et les écorces en soirée à l’équinoxe d’automne.
L’un des rôles de l’arbre ou de la plante est de nous rappeler le rythme des saisons; les Druides et les Celtes l’avaient bien compris. Ils considéraient le temps comme cyclique et non pas linéaire. Ils se laissaient bercer au rythme des saisons par la lune, le soleil et les astres. D’ailleurs, ils avaient établi plusieurs cérémonies durant l’année afin de se relier au rythme de la nature, notamment lors des solstices ou équinoxes.
Pour eux, la récolte des plantes était un rituel sacré.
LES VERTUS DES PLANTES ET DES ARBRES DANS LA TRADITION CELTIQUE
Outre les propriétés médicinales que nous leur connaissons déjà, voici quelques-unes des vertus associées aux plantes et aux arbres.
L’achillée millefeuille est la plante de la divination par excellence autant pour prédire la pluie ou le beau temps que les présages amoureux. En tenir un bouquet dans ses mains éloigne la peur.
L’ail est une plante magique et protectrice. Le 1er novembre à la fête des Morts, on en répandait autour de l’entrée des maisons pour s’assurer de ne pas attirer de mauvais esprits.
Pour les Celtes, l’aubépine est considérée comme l’un des arbres sacrés. On l’appelle « l’arbre de la pureté ». Ses baies rouges et ses épines symbolisent le cœur qui saigne et tout ce qui est relié au domaine affectif. On suspendait ses rameaux aux berceaux des nouveau-nés. L’aubépine avait le pouvoir d’entrer dans le monde magique des esprits de la nature.
Le bouleau est l’arbre de la lumière. Il représente le renouveau, la remontée du soleil et les jours qui rallongent. Le bouleau est présent dans toutes les fêtes de renaissance printanière. Cet arbre était vénéré par les druides pour sa capacité à supporter n’importe quel climat.
Pour les druides, le gui était un symbole d’immortalité. Il était un puissant symbole de protection contre la foudre, les maladies et les influences négatives.
Le lierre, plante sacrée très respectée par les druides, est un symbole de force vitale et d’énergie. Dans les mariages druidiques, on reliait parfois les poignets des mariés avec une liane de lierre pour renforcer leur amour.
Pour les druides, le millepertuis fait partie des plantes magiques que l’on récoltait au moment du solstice d’été. On en faisait des bouquets de protection que l’on accrochait sur les avant-toits des maisons pour se protéger de la foudre et chasser les mauvais esprits. C’est une plante porteuse de lumière que l’on qualifie de « soleil intérieur ».
L’ortie est la plante de feu. Elle symbolise la force, le courage, l’énergie, la foi et l’espérance. Elle est vénérée par les peuples celtes. Pour accélérer la guérison, on plaçait un bouquet d’orties sous le lit du malade. L’ortie chassait aussi la peur.
Dans la tradition celtique, on appelait le plantain « la harpe des anges » en raison de la forme de ses feuilles. Les druides connaissaient bien les vertus du plantain qu’ils utilisaient pour se soigner et même se nourrir. Il symbolise l’intelligence de la mère Nature. Parmi les croyances celtiques, on dit que les belettes se roulaient dans le plantain pour s’immuniser avant d’affronter un serpent.
La reine-des-prés est l’une des plantes sacrées des druides aux nombreux pouvoirs offrant : amour, bonheur, joie, paix, harmonie, etc. Elle est également utilisée durant les funérailles, car on dit qu’elle est idéale pour faciliter les passages et les transitions.
On dit que le sureau est l’arbre des fées. Pour les Celtes, la fée du sureau serait peut-être la femme du dieu Pan, dieu de la nature, de la forêt et des animaux. Le sureau représente le lien entre la mort et la vie. Il a la capacité de se régénérer très facilement. Pour les Celtes, il représente la vitalité, la vie éternelle, la mort et la renaissance. D’ailleurs, les Celtes se servaient du sureau pour fabriquer des flûtes magiques afin de faciliter les conversations avec les morts.
Le tilleul était l’arbre des amoureux qui venaient le consulter pour obtenir la bénédiction de la Déesse. La forme de la feuille du tilleul est associée au cœur. C’est un arbre féminin qui représente l’amour maternel. Brûler de la poudre de tilleul redonnait joie de vivre et confiance.
Les Celtes considéraient la verveine comme une plante magique pouvant soigner presque toutes les maladies, protéger et purifier. Parmi les croyances : pour faire passer un message de paix, il suffit de tenir un brin de verveine dans sa main.
Dans le calendrier celtique, la vigne est située au mois de septembre au moment de l’équinoxe symbolisant une période d’équilibre. La vigne montre le chemin du juste milieu. Les druides consommaient le vin de vigne pour faire des prophéties et développer leur intuition. Le raisin symbolise l’abondance alors que le vin représente la joie de vivre, la fête, le partage et la convivialité.
Bien au-delà de toutes ces croyances et légendes celtiques, n’oublions pas toute la générosité de la nature qui nous offre des plantes et des arbres aux vertus médicinales exceptionnelles.
Source : La magie des Druides, Florence Laporte, Rustica Éditions, Sagesse celtique, Thierry Jigourel, Éd. Hachette