Les camomilles : différences et bienfaits sur la santé

Par Nathalie Beaudoin, herboriste-thérapeute, Hta et naturopathe, N.D.

Facebook : Nathalie en Herbe Herboriste | nathalieenherbe@gmail.com

Connaissez-vous les différences entre certaines camomilles? Ce sont des plantes de la famille des astéracées aux multiples bienfaits, bien connues depuis des siècles et utilisées pour leurs vertus santé, le bien-être ou la beauté.

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Les espèces les plus utilisées en phytothérapie sont la camomille allemande, la camomille romaine et la grande camomille. Nous verrons aussi la camomille des teinturiers et la différence entre quelques espèces sauvages qui poussent bien au Québec. 

Espèces sauvages qui poussent bien au Québec

Camomille des teinturiers

Anthemis tinctoria

La camomille ou anthémis des teinturiers est une plante vivace qui se ressème, originaire de l’Eurasie, à belles fleurs jaunes, ressemblant aux marguerites. Les fleurs séchées étaient jadis employées pour teindre en jaune. La camomille des teinturiers forme de grandes talles assez compactes et très florifères. 

Propriétés culinaires et médicinales :

La camomille des teinturiers n’a pas de propriétés culinaires et médicinales en particulier.

Matricaire sans ligules

Matricaria discoidea

Très répandue au Québec, la matricaire sans ligules, aussi appelée matricaire odorante, pousse au ras du sol (15-30 cm) et forme de très petits buissons sur une tige dressée et épaisse. Cette plante n’a jamais de fleurs au contour (qu’on appelle les pétales). Toute la plante, quand elle est froissée, sent l’ananas. 

Propriétés culinaires et médicinales :

Ses actions seraient proches de la camomille allemande, ce qui nous offre un beau substitut sauvage de la camomille cultivée!

Camomille des chiens

Anthemis cotula

Cette variété sauvage très commune au Québec a un feuillage légèrement pubescent, et une mauvaise odeur s’en dégage lorsqu’elle est froissée. 

Propriétés culinaires et médicinales : 

La camomille des chiens n’est pas très intéressante au point de vue culinaire et médicinal, dû en autre à ses alcaloïdes. 

Matricaire maritime ou inodore

Tripleurospermum maritimum

Très commune parmi les plantes sauvages au Québec, cette variété est souvent confondue avec la camomille des chiens. Elle n’a pas le feuillage pubescent et ne sent pas mauvais comme la camomille des chiens. À vrai dire, elle ne sent rien.

Propriétés médicinales : 

La matricaire maritime ou inodore n’a pas de propriétés culinaires et médicinales en particulier.

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Les camomilles utiles en phytothérapie

Voici les trois camomilles les plus couramment utilisées en herboristerie pour leurs propriétés médicinales et aussi pour leurs attraits culinaires : camomille allemande, camomille romaine et la grande camomille. 

Camomille allemande

Matricaria recutita

La camomille allemande, dite aussi matricaire camomille, est une plante annuelle qui se ressème, utilisée pour ses propriétés médicinales et aussi en cuisine. Les fleurs sont groupées en capitules, cœur jaune et de nombreuses fleurs blanches à son contour, qu’on pense être des « pétales ». Les feuilles sont fines, très divisées et pointues. La camomille allemande fleurit de mai jusqu’à l’automne. 

Propriétés culinaires et médicinales :

L’odeur de la camomille allemande est pommée, plaisante et fraîche. On utilise les fleurs fraîches ou séchées, généralement pour les infusions. Elle peut être prise seule ou en mélange avec d’autres plantes aromatiques. Certaines personnes y incluent aussi le feuillage pour bénéficier de différents principes actifs. 

Ses vertus médicinales sont proches de la camomille romaine. Elles ont les propriétés communes d’être analgésique, antispasmodique, digestive, emménagogue, stomachique et tonique amer. 

À dose légère, elle est intéressante en cas d’insomnie (avec une ou plusieurs autres plantes comme la scutellaire, la mélisse et la lavande). Elle est aussi utilisée pour soigner la conjonctivite, et en eau de rinçage pour les cheveux. Elle a une action antidouleur dans les cas de crampes, coliques, douleurs abdominales, maux de tête, maux dentaires, troubles nerveux, ulcères, etc. C’est une des rares plantes que l’on peut administrer aux jeunes enfants.

Camomille romaine

Chamaemelum nobile

La camomille romaine, aussi appelée camomille noble ou arthémis noble, est une petite plante vivace qui se ressème, plutôt rampante, sauf quand elle fleurit et que ses tiges florales se dressent en dessus du feuillage. Les fleurs sont blanches à cœur jaunes. Les feuilles finement divisées dégagent un parfum de pomme verte. 

Propriétés culinaires et médicinales :

Ses vertus médicinales sont proches de la camomille allemande (voir plus haut).

Par ailleurs, même on utilise la camomille romaine essentiellement pour ses propriétés médicinales, certains cuisiniers aromatisent des salades avec les boutons floraux de cette plante.

Grande camomille

Tanacetum partenium

La grande camomille est une plante vivace qui se ressème, bien connue pour ses propriétés médicinales depuis l’antiquité. Aussi, on la connaît sous d’autres noms, tels que pyrèthre doré, pyrèthre mousse et partenelle. La grande camomille fleurit abondamment en été et demande peu de soin. La fleur a un disque central jaune entouré de fleurs blanches, qu’on nomme communément « pétales ». Les feuilles, toutes pétiolées, sont pubescentes et très aromatiques.

Propriétés culinaires et médicinales :

On utilise ses sommités fleuries et ses feuilles en herboristerie traditionnelle pour réduire les douleurs des migraines et des maux de tête ainsi que pour favoriser le travail du foie et de la digestion. On peut mâcher quelques feuilles fraîches, on la boit en tisane ou on en fait un concentré liquide.

La grande camomille est intéressante pour soulager les crises migraineuses, les rhumatismes et d’autres maladies inflammatoires. Elle a des propriétés antalgique, anti-inflammatoire, antispasmodique, nervine relaxante, vasodilatatrice et tonique amer. C’est une plante reconnue pour ses effets emménagogue et stimulant utérin.

En cuisine, la fleur de la grande camomille est très amère. Il est préférable d’en faire des glaçons ou d’en mettre quelques-unes dans un sandwich pour ses effets anti-inflammatoires. 

Comment les cueillir 

Pour la camomille romaine et la camomille allemande, on cueille les fleurs en été, à la main, fleurs par fleur, avec amour, et par temps ensoleillé, juste avant leur épanouissement complet, lorsqu’elles ne sont pas rendues humides par la rosée ou la pluie. Pour les prélever, il est préférable de couper les fleurs à base des capitules. On les met ensuite à sécher dans un déshydrateur ou dans un local bien aéré et sombre. 

Transformations 

L’utilisation de la camomille fraîche, doucement infusée à la chaleur du soleil ou à feu doux sur une cuisinière est idéale. Utilisée en cataplasme, on peut froisser les feuilles ou les fleurs pour les appliquer directement sur la zone à guérir. 

En cuisine

Les fleurs et les feuilles se mangent à raison de quelques-unes en salade, seules (en glaçons) ou dans un sandwich, à savourer tout au long de la journée aura aussi des effets bénéfiques. 

En infusion

1 c. à thé de fleurs séchées ou environ 1 c. à soupe de fleurs fraîches par tasse (250 ml) d’eau bouillie, pendant 5 à 7 minutes.

En concentré liquide

Faire macérer pendant 3-4 semaines les sommités fleuries de la camomille. 

Pour la camomille allemande ou romaine : un ratio d’une partie de fleurs pour 3 parties de vinaigre de cidre de pomme biologique non pasteurisé ou d’alcool à 40% (neutre, vodka ou rhum).

Pour la grande camomille : un ratio 1:1 – soit une partie de vinaigre de cidre ou 1 partie d’alcool 40% pour une partie de plante (feuilles et/ou fleurs). Laisser un espace d’un centimètre du rebord de votre bocal. Laisser macérer pendant 3 à 4 semaines et filtrer. Mettre en bouteilles stérilisées. Entreposer dans un endroit sombre. 

En macération huileuse

On laisse macérer les fleurs séchées de 3 à 4 semaines dans l’huile d’olive ou de tournesol de première pression à froid biologique. On peut mettre beaucoup de fleurs, pourvu qu’elles soient bien immergées dans l’huile et pas en contact avec l’air. Mettre ensuite à l’abri de la lumière et mélanger au moins une fois (à deux) tous les jours. Ensuite, filtrez avec une passoire, un filtre en papier brun ou une étamine (coton à fromage). À utiliser tel quel ou ajouter à un onguent.

En compresse

Faire une infusion concentrée de camomille, laisser refroidir et filtrer. Imbiber un linge propre et appliquer sur la zone à guérir.

En cataplasme

Écraser la plante fraîche pour en faire sortir le jus et appliquer directement sur la zone infectée. Il est possible de mélanger avec de l’argile, une autre plante ou une autre matière pour améliorer la texture ou pour en bonifier les propriétés.

Contre-indications et interactions

Les personnes allergiques ou sensibles aux plantes de la famille des astéracées (anciennement les composées) telles que l’achillée millefeuille, l’arnica, la calendule (souci), le chrysanthème, la marguerite, etc. ne doivent pas consommer de la camomille.

Son léger effet calmant pourrait s’ajouter à celui d’autres plantes sédatives telles que le houblon, la valériane, la mélisse, la passiflore, etc.

En boutiques d’aliments naturels, il est important de ne pas confondre la camomille allemande, Matricaria recutita avec la grande camomille, Tanacetum parthenium, qu’on utilise principalement pour réduire la fréquence et l’intensité des crises de migraine.

Notez que ces informations ne remplacent en aucun cas l’avis d’un professionnel de la santé. Pour connaître les interactions médicamenteuses ou d’autres suggestions plus personnalisées, n’hésitez pas de consulter votre naturopathe ou herboriste-thérapeute de votre région.

Sources : Herbothèque, lanyctaleetlarenarde.com, Le jardin des vie-la-joie, plantesaromatiques.com, Passeport Santé.

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