Les additifs alimentaires : des effets nocifs sur la santé

Par Guylaine Campion, ND et journaliste

Une alimentation saine et équilibrée est composée d’aliments entiers de préférence biologiques sans sucre, sans gras trans, ni aliments ultra-transformés.  

Très utilisés dans le domaine de l’agroalimentaire, les additifs alimentaires sont de plus en plus pointés du doigt. Ces substances qui apportent une couleur, une texture et une meilleure conservation des produits sont aussi associées à plusieurs problèmes de santé. On les retrouve souvent dans les aliments ultra-transformés. 

QU’EST-CE QU’UN ADDITIF ALIMENTAIRE?

« Un additif alimentaire est toute substance chimique ajoutée à un aliment lors de la préparation ou avant l’entreposage et qui s’intègre à celui-ci ou modifie les caractéristiques pour l’obtention de l’effet technique désiré ». Telle est la définition émise par Santé Canada, qui précise que « toute substance ajoutée aux aliments pour en conserver la valeur nutritive, en augmenter la durée de conservation ou en rehausser l’apparence, ou encore pour en faciliter la transformation, l’emballage ou l’entreposage, est considérée comme un additif alimentaire ». 

Parmi les additifs alimentaires, on retrouve :

  • Les agents colorants qui font paraître les aliments plus appétissants;
  • Les anti-agglomérants qui assurent la fluidité des aliments granuleux, par exemple, le sel;
  • Les agents de conservation qui préviennent ou retardent les pertes d’aliments;
  • Les édulcorants de synthèse qui sont des substituts aux sucres connus pour leur pouvoir sucrant élevé, mais non nutritif. Précisons que plusieurs édulcorants s’avèrent être nocifs pour la santé, comme le sucralose qui, selon une étude américaine menée par des chercheurs de l’école de médecine de l’Université Case Western Reserve de Cleveland en Ohio, amplifierait l’inflammation du tube digestif propre à la maladie de Crohn. De plus, un lien a été établi entre la consommation d’édulcorants de synthèse et le développement de cancers, de troubles métaboliques comme le diabète de type 2, une prise de poids et une altération de l’activité du microbiote.  

ADDITIFS ALIMENTAIRES, PERMÉABILITÉ INTESTINALE ET AUTO-IMMUNITÉ 

Outre ses fonctions de digestion et d’absorption, l’intestin joue un rôle de barrière entre le milieu intérieur et l’environnement. Ainsi, il doit empêcher les pathogènes, allergènes, toxines, présents dans la lumière de l’intestin d’entrer dans l’organisme où ils peuvent déclencher une réaction inflammatoire et immunitaire.  

Voilà que plusieurs études démontrent que les additifs alimentaires modifient la perméabilité intestinale et pourraient augmenter le risque de maladies auto-immunes.  

Dans une revue de données scientifiques parue dans Autoimmunity Reviews, deux auteurs montrent que des changements de la perméabilité intestinale sont associés aux additifs alimentaires. En effet, les auteurs affirment que le glucose, le sel, les émulsifiants, les solvants organiques, le gluten, les nanoparticules de plus en plus utilisés par l’industrie agroalimentaire augmentent les fuites au niveau des jonctions serrées et donc la perméabilité intestinale, pouvant favoriser les maladies allergiques et auto-immunes. 

COLORANTS ALIMENTAIRES ET HYPERACTIVITÉ 

Après une trentaine d’années de doute, c’est confirmé : les colorants alimentaires favorisent l’hyperactivité chez les enfants. C’est ce que révèle une étude britannique publiée dans la célèbre revue médicale The Lancet

Donna McCann et ses collègues de l’Université de Southampton ont recruté 153 enfants de 3 ans et 144 enfants de 8 et 9 ans. Ils leur ont donné à boire soit un placebo, soit différents mélanges contenant des colorants et du benzoate de sodium : un additif alimentaire utilisé comme agent de conservation. Résultat :  les enfants qui ont bu le mélange de colorants alimentaires ont présenté davantage de symptômes d’hyperactivité, tant chez les enfants de 3 ans que chez ceux âgés de 8 ou 9 ans. Une bonne raison pour éviter de donner aux enfants des bonbons aux couleurs fluorescentes! 

ALIMENTS ULTRA-TRANSFORMÉS ET RISQUE DE CANCER 

Une étude française publiée en février 2018 rapporte un lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de cancer. Cette étude s’appuie sur les résultats de la cohorte NutriNetSanté avec la participation de 104,890 de personnes âgées de 18 ans et plus qui ont répondu à des questionnaires.  

Résultats : dans cette cohorte française, les aliments ultra-transformés contribuaient à un peu moins de 20% de la quantité d’aliments consommés. Une augmentation de la part des aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire était associée à une augmentation de 12% du risque de cancer et de 11% du risque de cancer du sein. Étant donné qu’il s’agit d’une étude d’observation, la relation de cause à effet n’est pas établie.  Cependant, si elle se confirme, elle pourrait être due au fait que ces aliments sont souvent riches en calories, pauvres en composés protecteurs tels que des fibres et très glycémiants.  

Notons que les aliments ultra-transformés ont déjà été associés à un risque plus élevé d’obésité et de maladies chroniques, mais c’est la première fois qu’ils sont liés au risque de cancer.  

ÉLIMINER LES ALIMENTS ULTRA-TRANSFORMÉS

Les aliments ultra-transformés constituent une part croissante de la consommation alimentaire. En effet, ils contribuent, selon les pays, pour 25 à 50% de la consommation énergétique. Or, les chercheurs croient que le mode de vie et l’alimentation interviennent dans 30 à 40% des cas de cancer. Ces aliments sont à éliminer de notre alimentation si l’on souhaite une meilleure santé. 

Les aliments ultra-transformés présentent un profil nutritionnel inférieur à celui de l’ensemble des autres aliments. Ils sont plus riches en sucres libres, en sodium et en gras. Ils contiennent moins de fibres, de protéines, de vitamines et de minéraux. Il est donc préférable de se nourrir d’aliments entiers.

Précisions que ces aliments sont des produits alimentaires et des boissons dont la fabrication nécessite plusieurs étapes et de techniques de transformation. Le but est de fabriquer des aliments et des boissons qui auront une longue durée de vie, qui sont peu coûteux, agréables au goût et prêts à servir ou à chauffer. Ces aliments contiennent nécessairement plusieurs additifs alimentaires.  

Une foule d’aliments ultra-transformés se retrouvent sur les tablettes des épiceries : confiseries, gâteaux, biscuits, boissons gazeuses, jus et produits laitiers sucrés, pépites de poulet, saucisses, poisson pané, plats congelés prêts à être consommés, croustilles, soupes en sachets, préparation à gâteaux, nouilles instantanées, sauces, vinaigrettes, collations emballées, céréales, barres de céréales, pizzas surgelées, substituts de sucre et édulcorants. 

Par ailleurs, le pain et autres produits de boulangerie sont ultra-transformés quand on ajoute à la préparation des graisses végétales hydrogénées, des protéines de petit-lait, du gluten, des émulsifiants et d’autres additifs.  

BIEN LIRE LES ÉTIQUETTES

Afin de nourrir sainement, il est important de prendre l’habitude de bien lire les étiquettes des produits alimentaires que vous achetez. Ainsi, vous serez surpris de constater tout ce que les aliments transformés, ultra-transformés et les plats préparés peuvent contenir comme substances chimiques. Ces aliments sont à bannir afin de bénéficier d’une alimentation saine et nutritive.  

En conclusion, éliminez le sucre, les bonbons, pâtisseries, muffins, biscuits industriels et, idéalement, prenez l’habitude de confectionner vous-mêmes vos desserts. Ils seront savoureux et beaucoup plus nutritifs.  

Choisissez des aliments entiers non transformés et sans additifs alimentaires.  

Évitez les viandes transformées et les charcuteries remplies de nitrites et riches en gras saturés qui sont cancérigènes, selon l’Organisation mondiale de la santé. Ces aliments augmentent le travail du foie et favorisent l’accumulation de toxine dans l’organisme. 

Et n’oubliez pas d’augmenter votre consommation de légumes, de fruits et de légumineuses.