Le sel, bon ou mauvais pour la santé?   

Par Nicole Renaud, ND.A, membre de l’ANAQ

Vous serez surpris de lire dans cet article que, peu importe votre santé, vous avez besoin de sel. Il est faux de prétendre que pour une maladie donnée, vous devez éviter le sel (voir plus bas pour les trois exceptions). On vous a déjà dit : « ne salez pas trop, c’est pas bon pour la santé ». Qu’en est-il vraiment?

Le chlorure de sodium, le sel, est essentiel à la vie. Il aide à réguler la teneur en eau de notre corps. Tous nos tissus et nos liquides corporels contiennent du sel comme nos larmes et notre sueur.

On a longtemps prétendu que l’excès de sodium pouvait causer des problèmes de santé comme l’hypertension artérielle. Or, il n’y a aucune évidence scientifique qui supporte ce fait.  Le corps humain contient environ 250 grammes de sel. Les excès sont normalement éliminés par les reins. Le sodium est nécessaire pour le cerveau; il facilite la transmission des influx nerveux.

On parle aussi du mauvais fonctionnement rénal et le lien avec la consommation de sel. On sait maintenant qu’une alimentation riche en glucides de toutes sortes : pain, pâte, patate, pâtisserie, peut altérer la production de l’hormone aldostérone qui, elle, va empêcher l’élimination du sodium par les reins et ainsi faire monter la pression artérielle. 

Vous devriez écouter votre corps car, dans les faits, vous avez probablement besoin de plus de sel que vous consommez.

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L’histoire

Nous avons d’abord été un être de la mer avec le sel qu’elle contient. Sans lui, nous n’aurions pu devenir ce que nous sommes aujourd’hui. Le sel de la mer constitue 90% du contenu minéral de l’océan : le même pourcentage de minéraux contenu dans notre sang. La seule différence, c’est que l’océan est quatre à cinq fois plus salé que notre sang.

Il y a des millions d’années, le climat a forcé les primates à changer leur diète en se nourrissant de végétations aquatiques lesquelles contenaient cinq cents fois plus de sodium que les plantes terrestres. Des recherches mentionnent que les premiers humains de l’Afrique (il y a environ 1,4 et 2,4 millions d’années) avaient une diète extrêmement élevée en sel. Il n’y a donc aucune évidence comme quoi l’humain avait développé une diète pauvre en sel. 

La vérité sur le sel pour la santé

Dans les dernières décennies, on nous a inculqué le fait que le sel est un autodestructeur et que nous pouvons en avoir une dépendance. Mais la plupart de nous n’avons pas besoin d’une diète faible en sel. En fait, plus nous ingérons de sel et plus notre santé se porte bien. Pourtant, on ne défend pas le sucre et celui-ci est consommé bien plus en excès que le sel. Et le sucre amène les maladies chroniques dont le diabète, entre autres. Voici ce que mentionnait le magazine Forbes en 2013 : « manger trop de sel nous tue » et en 2014, HealthDay magazine : « les adolescents qui mangent trop de sel risquent d’être obèses » ainsi que d’autres études sur le sujet controversé. Alors que croire?

Une méta analyse sur l’effet de la restriction en sodium sur la pression artérielle n’a eu lieu qu’en 1991 et n’était pas randomisée scientifiquement. Ce que la théorie affirme : « L’excès de sel amène le corps à retenir l’excès d’eau et mène à élever la pression artérielle. Conséquemment, diminuer voire éliminer le sel va automatiquement réduire votre pression artérielle. Vrai ou faux? 

Certaines études affirment que c’est vrai, d’autres, faux. Ce serait logique si on ne tenait pas compte de l’excès de glucides et de l’augmentation de l’hormone aldostérone. Aucune littérature n’a mentionné ce fait. Puisque ce sont les gouvernements et l’Agence de la santé qui mentionnent de diminuer voire arrêter la consommation de sel, on ne peut qu’y croire! 

Effectivement, le sel retient l’eau dans l’organisme, mais une quantité adéquate de sel permet de maintenir une pression normale sans activer une cascade hormonale pour compenser. Les études confirment que le volume sanguin n’augmente pas chez les patients souffrant d’hypertension. Le corps prend environ 75 minutes pour augmenter la pression artérielle alors que les reins excrètent l’excès de sel et d’eau pour maintenir la pression normale en moins de temps. 

La première étude ou plutôt la première hypothèse comme quoi le sel pouvait augmenter la pression artérielle fut menée en 1904 et 1905 par Ambard et Beauchard. En 1950, Lewis Dahl et George Menerly suggéraient que le sel avait un rôle important dans l’hypertension et les maladies chroniques. Plus tard, en 1974, R. A. Ahrens publiait un article selon lequel il mentionne que les maladies cardiaques sont causées par le sucre tandis que The Food and Nutrition Board mentionnait une évidence légère chez les gens avec une pression normale et une ingestion adéquate de sel. 

Cependant, en 1989, on commence à écrire qu’il n’y a aucune relation entre la baisse de consommation de sel et l’augmentation de la pression artérielle (Intersalt Cooperative Research Group) jusqu’à ce que quatre études, en 2016, prouvent qu’une consommation basse en sodium est associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires  chez les personnes avec ou sans hypertension artérielle.

La pression artérielle normale est de 120/80 mmHg. Réduire le sel d’une cuillerée à thé par jour peut seulement diminuer la pression artérielle de 0,8/0,2 mmHg. Par conséquent, même les personnes ayant une pression artérielle, par exemple de 140/90 mmHg, verront seulement une réduction de 3,6/1,6 mmHg.

Il ne faut pas oublier que dans les années 1960, American Heart Association demandait aux Américains de diminuer le gras animal et d’augmenter les huiles végétales afin de réduire le risque de maladies coronariennes.  On n’attaque pas le sucre. Car, selon des experts des années 1970, les gras contiennent plus de calories que le sucre, et le sel est dangereux pour le cœur. Or, on a omis de vérifier ce qui cause l’obésité et les effets secondaires à ce problème de plus en plus éminent. 

On sait également que le fait de manger moins de sel augmente notre goût pour le sucre. Le sucre est une « drogue » tandis que le sel n’est pas catégorisé comme tel. Et pourquoi aurions-nous besoin de sel?

Le sel est important pour maintenir une quantité optimale de sang dans notre corps; il est même important pour que le cœur puisse pomper le sang à travers notre corps également. Il est essentiel pour la digestion, pour la communication entre les cellules, la formation des os et leur puissance et pour prévenir la déshydratation. Le sel est également important pour la reproduction, les muscles, la transmission nerveuse. Le sel contient le sodium (NaCl) et fait partie des électrolytes tout comme le potassium, le magnésium et le calcium et est donc nécessaire à l’impulsion électrique qui contrôle les fonctions de l’organisme.

L’eau et le sodium sont en constant équilibre, c’est ce qu’on appelle l’osmorégulation. Cependant, s’il y a une augmentation de la concentration en sodium, les reins réabsorberont moins de sodium et l’excès sera excrété par l’urine. Toutefois, une diète pauvre en sel épuise le cœur, diminue son énergie et augmentera sa pulsation réduisant ainsi l’oxygène dans le sang tout en risquant la crise cardiaque.

Devons-nous prendre un substitut de sel alors? Le substitut vendu contient du potassium à la place du sodium et un surplus de potassium peut réduire le bon fonctionnement des reins. Un surplus de potassium dans le sang amènera ce qu’on appelle une hyperkaliémie, situation dangereuse si non traitée à temps.

Nos besoins

Les besoins varient en sel d’une personne à une autre. D’abord, sachez que certaines personnes retiennent trop de sel dans leur organisme. Les cas suivants sont donc une exception à l’ingestion d’une quantité élevée en sel.

  • L’hyperaldostéronémie : augmentation de l’aldostérone;
  • La maladie de Cushing : un défaut de la glande pituitaire;
  • Le syndrome de Liddle : maladie génétique causant une réabsorption du sodium dans les reins.

Toutefois, notre corps peut avoir besoin de plus de sel (3 à 6 grammes par jour) selon nos habitudes de vie. Par exemple :  

  1. Consommation excessive de sucre causant une perte de sel; 
  2. Maladie chronique comme l’hypothyroïdie, insuffisance surrénalienne causant une baisse de sodium sanguin;  
  3. Certains médicaments comme les diurétiques, antidépresseurs, antipsychotiques et antidiabétiques pouvant amener une perte de sel ; 
  4. Dépendance à la malbouffe, aux boissons énergétiques et riches en caféine ayant un risque pour la perte de sel et d’eau par les reins; 
  5. L’exercice intense avec abondance de sueur; 
  6. Alimentation basée sur un régime faible en glucides (exemple cétogène) causant une perte massive de sel et d’eau par les reins tout en augmentant le besoin en sel.

Lorsque vous consommez moins de sel, vos reins en excrètent moins pour maintenir l’équilibre normal extracellulaire. Mais si vous avez un problème soit l’inhabilité des reins à retenir le sodium, vous pouvez devenir déficient en sodium très rapidement. 

Symptômes indiquant votre besoin en sel

  • Les extrémités froides;
  • L’urine foncée;
  • Maintien du pli après avoir pincé la peau;
  • Diminution de l’excrétion du sodium urinaire après ingestion;
  • Diminution de la production d’urine;
  • Absence d’humidité à l’aisselle et sur la langue;
  • Mauvais retour des capillaires (cela prend plus de deux secondes pour que l’ongle pincé retourne de blanc à rosé);
  • Tachycardie ou hypotension lorsque changement de position assise à debout;
  • Fringale de sel;
  • Perte de conscience due à une baisse de pression;
  • Soif constante.

Si, en prenant une analyse du niveau de sodium sanguin, celui-ci augmente, c’est une bonne indication que vous êtes déshydraté. Durant cet état, les reins intensifient la réabsorption du sodium ayant pour effet une réaction connue comme étant une déshydratation. Une ingestion trop basse de sel réduit le volume urinaire ayant pour risque des infections urinaires tout en empêchant d’éliminer les déchets de l’organisme.

Donc, le sel est nécessaire pour gérer l’impact lors d’hémorragie, de brûlure ou tout autre traumatisme corporel; il est nécessaire lorsque votre niveau sanguin de sodium est bas; lorsque vous suez (surtout après un sauna); lorsque vous êtes enceinte et allaitez; pour réguler l’énergie et la santé musculaire; lorsque vous avez une diète élevée en sucre; lors de l’inflammation du côlon; lorsque votre diète est faible en glucides; pour prévenir le manque d’iode.

Dans son livre, Dr James DiNicolantonio mentionne également le besoin de sel pour les personnes autistes, les gros buveurs de café ainsi que les grands fumeurs. 

Et ce qu’on ne vous dit pas lors d’hypertension artérielle, c’est l’importance de manger assez de légumes et de fruits, lesquels sont riches en potassium, et de diminuer considérablement le sucre. 

Références :

  • Briggs, Margaret. 2009. Le sel, un minéral essentiel. Éd. Goélette : St-Bruno de Montarville
  • DiNicolantonio, Dr James. 2017. The Salt Fix. Éd. Harmony : New York

NOTE : Tout ce qui est écrit dans cet article provient des références et non de l’auteur du texte. 

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