Le maïs, de plus en plus controversé

Par Marie-Christine Trépanier, journaliste

Roi de nos épluchettes de blé d’Inde durant la saison estivale, le maïs se retrouve souvent au banc des accusés, et pour cause! Bien qu’il soit nutritif et délicieux, il n’en demeure pas moins que le maïs est l’un des aliments les plus génétiquement modifiés. 

UNE CÉRÉALE ORIGINAIRE D’AMÉRIQUE 

Le maïs est une plante largement cultivée comme céréale et dont les grains sont riches en amidon. On le considère parfois comme un légume. Il fait partie de l’alimentation traditionnelle autochtone à travers l’Amérique. En Europe, le maïs est moins populaire étant plutôt réservé au bétail.  

On dit qu’au 16e siècle, lorsque Jacques Cartier a débarqué dans la péninsule gaspésienne et la vallée du Saint-Laurent, il a constaté que les Hurons et les Iroquois cultivaient le maïs. Et quand il a remonté le fleuve jusqu’à Hochelaga (Montréal), il a vu de beaux et grands champs de maïs. Il faut dire que cette plante originaire du Mexique constituait l’aliment de base des Amérindiens avant l’arrivée des colons.  

De nos jours, le maïs est cultivé à travers le monde et est même devenu la première céréale mondiale devant le riz et le blé. Il est cultivé dans près de 150 pays sur tous les continents. Le maïs est toujours à la base de l’alimentation en Amérique centrale et en Amérique du Sud. 

Le maïs peut se manger de différentes façons : en épi, congelé, en conserve ou soufflé. Il existe aussi plusieurs dérivés du maïs (farine, semoule, huile, son, fécule et sirop) qui peuvent se retrouver dans plusieurs aliments.  

LES PROPRIÉTÉS DU MAÏS

Le maïs est riche en antioxydants. En effet, lors d’une étude effectuée en 2002 comparant l’activité antioxydante de quatre grains céréaliers (maïs, blé, avoine et riz), il a été démontré que le maïs était celui ayant l’activité la plus élevée.  

Par ailleurs, le maïs contient de la lutéine et de la zéaxanthine : deux composés antioxydants de la famille des caroténoïdes. Par ailleurs, des chercheurs ont remarqué que la cuisson du maïs rendait ces deux composés plus biodisponibles, c’est-à-dire mieux absorbés par l’organisme. Ces deux composés protègent les yeux contre la cataracte et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).  

D’autre part, l’huile de maïs contient aussi des antioxydants appartenant à la famille des tocophérols : vitamine E, plus particulièrement en gamma-tocophérol. Ajoutons que le maïs est riche en phosphore, magnésium, fer, zinc, manganèse, cuivre, vitamines du groupe B et vitamine C. 

Et pourtant…

UN ALIMENT À BANNIR DE NOTRE ALIMENTATION?

Dans son livre Soigner par l’alimentation – Comprendre les maladies chroniques, le Dr Jean Seignalet explique très bien pourquoi le maïs devrait être éliminé de notre alimentation. Rappelons que le Dr Seignalet a développé dans les années 80 une diète afin de contrôler les maladies auto-immunes, notamment en éliminant le gluten et les produits laitiers.  

Selon le Dr Seignalet, l’une des causes principales de toutes les pathologies consiste à une alimentation moderne dénaturée à laquelle de nombreuses personnes ne s’adaptent pas. Dans son régime, le Dr Seignalet propose d’éliminer les céréales mutées, dont le maïs. Que ce soit le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, le kamut, l’épeautre ou le maïs, ce sont des céréales qui ont subi plusieurs mutations génétiques en 5 000 ans et leur structure moléculaire est très différente de celle de la céréale initiale. Dans son livre, le Dr Seignalet explique : « Le maïs et le blé sont devenus des monstres. Le maïs a multiplié par 100 sa taille et le poids de ses grains ».  Le Dr Seignalet suggère d’opter plutôt pour des céréales non mutées telles que le riz, le sarrasin ou le sésame. 

Le Dr Seignalet fait également référence au problème des organismes génétiquement modifiés (OGM) avec l’apparition de protéines nouvelles auxquelles nos enzymes ne sont pas adaptées. Les OGM sont très présents dans de nombreuses cultures de maïs. Il serait donc plus sage de l’exclure de notre alimentation.

LES OGM : UN CASSE-TÊTE POUR LES CONSOMMATEURS 

Une bonne partie des produits à base de maïs (tortillas, tacos, croustilles, etc.) sont fabriqués avec de la farine de maïs qui provient de grains de variétés modifiées génétiquement. En fait, ces produits viennent des États-Unis, le plus grand producteur de plants GM au monde.  

Les produits à base de fécule de maïs, de dextrose et de maltose sont aussi fabriqués majoritairement avec du maïs GM. Les céréales à déjeuner à base de flocons de maïs peuvent aussi être fabriquées avec du maïs transgénique.  

En l’absence d’étiquetage obligatoire des OGM, comment savoir si le maïs que vous achetez est génétiquement modifié? 

Il existe deux types de maïs : le maïs grain et le maïs sucré. Le maïs grain est réservé principalement aux animaux et selon les chiffres de Vigilance OGM : 88% de ce maïs était génétiquement modifié (GM) en 2017.  Pour ce qui est du maïs sucré, « le roi de nos épluchettes », les semences GM sont sur le marché depuis 2011.  

Notons que depuis 2012, l’organisme Vigilance OGM réalise régulièrement des tests dans les épiceries afin de vérifier si le maïs est génétiquement modifié ou non. Le but est de motiver les grandes chaînes d’alimentation à adopter une politique claire au sujet du maïs sucré GM. 

OÙ SONT LES PRODUCTEURS DE MAÏS OGM?

À travers le monde, le tiers du maïs serait GM et selon Vigilance OGM : « le Canada est le 4e plus gros producteur mondial d’OGM dans le monde ». En 2017, les surfaces ensemencées de culture GM au Québec ont atteint un record de 590 000 hectares soit une augmentation de 15% par rapport à 2016. Selon Vigilance OGM : « Il y a plus de 8 chances sur 10 qu’un champ de maïs soit GM au Québec ».  

Le maïs est la culture GM la plus répandue au Québec juste devant le soya.  

Mais pourquoi modifier le maïs? Le maïs est modifié pour qu’il soit résistant aux insectes et pour qu’il puisse tolérer des herbicides tels que celui à base de glyphosate : le Roundup de Monsanto.  

OGM : LES QUÉBÉCOIS SONT LES PLUS CRAINTIFS

Fait assez troublant : les trois quarts des produits vendus au Canada contiennent au moins un ingrédient génétiquement modifié.  

Selon les résultats d’une étude de l’Université Dalhousie, 90% des Canadiens croient que tous les aliments contenant des ingrédients génétiquement modifiés devraient être clairement étiquetés. Cette même étude démontre que actuellement les consommateurs ne savent pas vraiment ce qu’ils mangent.  

Enfin, environ 48% des Québécois ne considèrent pas que les OGM sont sécuritaires.  

En conclusion, lors de votre prochaine épluchette de blé d’Inde, assurez-vous d’acheter du maïs sucré certifié biologique (sans OGM et sans pesticides).