L’andropause et les « blues » de la cinquantaine

Par Guylaine Campion, ND et journaliste

Tout comme les femmes ménopausées, les hommes vivent eux aussi une étape de transition. Humeur dépressive, fatigue, anxiété, irritabilité, libido en panne, ils doivent faire face également aux blues de la cinquantaine. Si pour certains la transition se fait plus difficilement, pour d’autres, elle se manifeste en toute légèreté, ayant peine à la discerner.

Bien que l’andropause chez l’homme et la ménopause chez la femme arrivent à peu près au même moment, la comparaison est mince. En effet, l’andropause touche une minorité d’hommes et ne marque pas nécessairement l’arrêt de la fertilité. Son déclin hormonal peut être partiel, progressif et inconstant alors que chez la femme, les hormones chutent brutalement et sur une courte période. En d’autres mots, l’andropause se manifeste lentement, donc plus difficile à repérer, alors que la ménopause apparaît de manière plus brutale. 

QU’EST-CE QUE L’ANDROPAUSE?

L’andropause se définit comme étant l’ensemble des symptômes physiologiques et psychologiques qui peuvent se manifester par la baisse du taux de testostérone chez l’homme. Elle survient habituellement entre 45 et 65 ans. Le diagnostic se base sur un taux sanguin de testostérone inférieur à la normale et par la présence de symptômes.

Parmi les symptômes reliés à l’andropause, on retrouve : une perte de l’appétit sexuel, des problèmes érectiles de même qu’un manque d’entrain et d’énergie. La chute de la production d’hormones sexuelles pourrait également expliquer des périodes de transpiration à l’excès, de l’insomnie, un vague sentiment dépressif, de la fatigue, un manque de force physique, de légers problèmes de mémoire et de concentration, une prise de poids et une augmentation de la graisse abdominale.  

Mais attention : tous les symptômes ressentis peuvent être aussi la conséquence de la présence d’autres problèmes de santé, par exemple, une dépression, des troubles vasculaires ou l’obésité. On dit que 20 à 40% des hommes pourraient développer des symptômes qui ressemblent à ceux de l’andropause avec l’âge. Voilà pourquoi le diagnostic demeure parfois nébuleux. 

EST-CE VRAIMENT LA TESTOSTÉRONE QUI EST EN CAUSE? 

La testostérone est l’hormone sexuelle qui domine chez l’homme, et elle est associée à la virilité et la vitalité.  Elle est responsable de l’apparition des caractères sexuels masculins à la puberté. Elle contribue aussi à maintenir des os et des muscles en santé, et à stimuler la production de sperme et de globules rouges. Les femmes produisent aussi de la testostérone, mais en très faible quantité. 

Selon diverses études, le lien entre un taux de testostérone faible et les symptômes de l’andropause est peu élevé. En effet, des hommes ayant un taux de testostérone jugé normal peuvent avoir des symptômes d’andropause, et certains experts estiment même que ceux-ci seront plus souvent associés à de mauvaises habitudes de vie.  

Cependant, trois symptômes semblent être plus clairement associés à un taux affaibli de testostérone. Il s’agit d’une baisse de l’appétit sexuel, des érections matinales moins fréquentes et l’incapacité d’avoir une érection et de la maintenir convenablement durant la pénétration. 

L’âge a longtemps été considéré comme le facteur principal de la baisse du taux de testostérone, mais on sait aujourd’hui que d’autres paramètres peuvent être mis en cause. En voici quelques exemples.

Le stress chronique

Le stress a une action perturbatrice sur l’axe hypophyso-hypothalamo-testiculaire, un centre fondamental de régulation hormonal. Le stress peut aussi entraîner une baisse de la LH : une hormone qui stimule la sécrétion de testostérone à travers les cellules des testicules.  

Le manque de sommeil

Une étude menée à l’Université de Chicago sur 12 hommes en bonne santé âgés de 64 et 74 ans a mis en évidence le lien existant entre la quantité de sommeil et le taux de testostérone. Ils ont découvert que le temps de sommeil durant la nuit était directement lié à la variation du taux de testostérone dans la matinée.  

Le diabète et le syndrome métabolique

Plusieurs études ont démontré que les personnes atteintes de diabète de type 2 et du syndrome métabolique auraient un niveau de testostérone plus bas que les autres.  

Les aliments à index glycémique élevé

La consommation régulière d’aliments à index glycémique élevé favorise le développement du diabète de type 2 et la prise de masse de gras abdominal. De plus, une alimentation riche en glucides stimule l’insuline, ce qui provoquerait une baisse du taux de testostérone.  

La dépression

Un faible taux de testostérone pourrait être relié à la dépression. Reste à savoir, cependant, si c’est la dépression qui fait chuter le taux de testostérone ou le faible taux qui favorise la dépression. 

La consommation d’alcool

L’alcool peut interférer avec la fonction du système reproducteur masculin composé de l’hypothalamus, l’hypophyse antérieure et les testicules, et entraîner l’impuissance et l’infertilité. Une forte consommation d’alcool agit au niveau des testicules en altérant les cellules de Leydig qui produisent et sécrètent la testostérone. Conséquence : le taux de testostérone diminue de même que la libido.  

En contrepartie, aucune étude ne met en lumière un effet néfaste d’une consommation d’alcool modérée sur le taux de testostérone. Certains croient même que de petites quantités de vin rouge pourraient être bénéfiques.  

Les pesticides

Les produits chimiques que l’on retrouve dans les pesticides sont de puissants perturbateurs hormonaux. En effet, des chercheurs de l’Université de Harvard ont montré que des hommes ayant ingéré certains insecticides ont vu leur taux de testostérone diminuer. Il va sans dire qu’avec l’exposition massive aux pesticides, un déclin du taux de testostérone parmi la population masculine pourrait se produire, menant à une augmentation potentielle du nombre d’hommes infertiles.   

Le surpoids

Les cellules graisseuses contiennent une enzyme, l’aromatase, qui transforme une partie de la testostérone en estradiol, une hormone féminisante. Le surpoids augmente donc l’activité de l’aromatase qui dérègle l’équilibre hormonal et fait donc chuter le taux de testostérone.  

On peut également ajouter à ces facteurs : une obésité abdominale, des taux de lipides sanguins anormaux, une maladie chronique, des problèmes de foie et la prise de certains médicaments (antipsychotiques, antiépileptiques, narcotiques).

COMMENT FREINER LES EFFETS DE L’ANDROPAUSE NATURELLEMENT

Si l’andropause guette les hommes d’un certain âge, il est tout de même rassurant de savoir qu’il existe des moyens naturels pour ralentir son apparition et en atténuer les symptômes tout en évitant certains facteurs aggravants. La clé du succès : adopter un mode de vie sain et équilibré.  

Par exemple, on peut modérer sa consommation d’alcool et celle d’aliments salés, éviter les produits très sucrés et raffinés ainsi que les gras trans, consommer des aliments issus de la culture biologique, manger plus d’aliments riches en oméga-3 (saumon, sardines, graines de lin, etc.), perdre du poids, faire de l’exercice régulièrement, bien gérer son stress et s’assurer d’un sommeil réparateur.

En terminant, vous pouvez ajouter à vos plats des huîtres et des fruits de mer. Riches en zinc, ces aliments favorisent la production de testostérone. Et n’oubliez pas les asperges qui sont reconnues depuis la Rome Antique pour stimuler la testostérone!

Les informations fournies dans cet article ne peuvent remplacer des conseils médicaux, un diagnostic ou un traitement.