Doit-on prendre des hormones?

Par Nicole Renaud, ND.A membre de l’ANAQ

Il y a des médecins qui ne jurent que par les hormones dès qu’une femme est en ménopause ou qu’elle ne va pas bien en préménopause. Parfois même, on prescrit des antidépresseurs. Si vous avez eu une hystérectomie, on vous prescrira des estrogènes, sinon la progestérone sera ajoutée. Posez-vous la question : est-ce obligatoire de prendre des hormones quand on arrive à la ménopause ou à l’andropause? Quand faut-il prendre des hormones?

Gratuit: abonnez-vous à notre magazine

Avec le stress que vivent les femmes aujourd’hui en mariant famille et travail, il n’est pas surprenant que celles-ci se retrouvent avec des problèmes hormonaux. La prise de la pilule, le stérilet hormonal, les médicaments, les antibiotiques, les pesticides, une alimentation plus ou moins adéquate vont augmenter le travail de détoxication du foie et celui-ci se retrouvera surchargé, sans pouvoir suffire à la tâche d’éliminer les toxines et les métabolites des hormones. 

De plus, tous ces produits chimiques que l’on retrouve dans la nature, les aliments, les cosmétiques, les produits d’entretien, etc. vont perturber le chemin des hormones.

D’abord le cholestérol

C’est à partir du cholestérol, plus précisément du LDL, cette protéine qui transporte le cholestérol, que nous fabriquons nos hormones. Il est donc important d’avoir assez de cholestérol pour la production hormonale autant chez la femme que chez l’homme. À partir du cholestérol, la pregnénolone sera sécrétée, précurseur de la progestérone. Cette dernière a les mêmes récepteurs chimiques que le cortisol. Par conséquent, si vous êtes stressées, mesdames, le cortisol sera produit en plus grande quantité et se liera aux mêmes récepteurs que la progestérone, ceux-ci prendront donc sa place. La progestérone ne pourra remplir son rôle. 

La pregnénolone est aussi le précurseur de la DHEA, une hormone sécrétée par les glandes surrénales situées au-dessus des reins, appelées aussi les glandes du stress. Plus il y a de stress chronique, plus le cortisol sera sécrété et plus les glandes surrénales s’épuiseront, empêchant la DHEA de sécréter ses hormones. Dans les faits, la DHEA convertit une autre hormone appelée androsténédione en testostérone puis en estrogènes (œstradiol, estrone, estriol).

S’il y a équilibre hormonal, vous aurez assez de progestérone pour donner le message aux cellules de travailler adéquatement, assez de cortisol pour faire face au stress, assez de DHEA pour vous énergiser, avoir une bonne libido et de bons estrogènes.

Il faut savoir que les deux sexes produisent les mêmes hormones, mais à doses différentes. 

À quoi servent les hormones?

L’estrogène est une hormone produite par les ovaires chez la femme et les testicules chez les hommes, mais en petite quantité chez ces derniers. La graisse corporelle en produit autant chez l’homme que chez la femme sous l’action d’une enzyme appelée aromatase. Plus vous avez de tissus adipeux au ventre, plus vous sécréterez les estrogènes. L’estrogène doit être bien balancé par la progestérone afin de ne pas créer un surplus qui pourrait  stimuler les cellules mammaires, même chez les hommes, ou la prostate.

La progestérone est aussi une hormone stéroïde produite par les ovaires chez la femme et les testicules chez les hommes, et les cellules du cerveau en produisent en petites quantités ainsi que les glandes surrénales. La production par les ovaires débute à l’ovulation et se poursuit jusqu’aux règles, soit pendant deux semaines. Elle est nécessaire à la gestation. Après la ménopause, la progestérone protège la santé des os. Elle sert également à assurer un équilibre androgénique chez les hommes. 

Les symptômes de la ménopause sont souvent dus à une dominance en œstrogènes. Cela veut dire que le ratio entre les estrogènes et la progestérone n’est pas maintenu. Des problèmes comme la sécheresse vaginale, le cancer du sein, des ovaires, de l’utérus et de la prostate chez l’homme peuvent alors survenir. 

Ce sont les compagnies pharmaceutiques qui ont décidé de fabriquer des hormones provenant de l’urine de la jument pour l’estrogène et d’une molécule chimique pour la progestérone appelée acétate de médroxyprogestérone. On a fait croire aux femmes qu’en l’absence d’hormones, elles vieilliraient plus vite, que leurs os s’affaibliraient et qu’elles mourraient plus jeunes. Plusieurs femmes ont emboîté le pas, et après plusieurs années et une étude échelonnée sur cinq ans en 2002, mais arrêtée après trois ans, on s’est aperçu que ces hormones augmentaient le risque de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires. Cette étude appelée Women’s Health Initiative portait sur 16 000 femmes et, à cette époque, plusieurs médecins décidèrent de faire arrêter les hormones synthétiques aux femmes. Pauvres femmes qui, du jour au lendemain, se retrouvèrent sans hormones faisant naître chez elles plusieurs effets secondaires désagréables de ce sevrage. 

Les hormones sont nécessaires pour le bien-être des humains : femmes et hommes. Les hormones agissent ensemble avec l’insuline, le cortisol et les hormones thyroïdiennes. Un déséquilibre des hormones amène des symptômes qui peuvent se manifester dès l’adolescence chez la femme : règles douloureuses, cycles irréguliers, règles abondantes, seins fibrokystiques, kystes aux ovaires, endométriose, fibromes, acné, hypothyroïdie; et chez l’homme : acné, impuissance, développement anormal des glandes mammaires, baisse de la libido, perte de poils, prise de poids, résistance à l’insuline, problème de prostate.

Les hormones sont des messagers chimiques qui voyagent à l’aide de transporteurs dans le circuit sanguin jusqu’aux récepteurs afin de donner un message adéquat. Toutefois, pour que les messages se rendent aux cellules de tout le corps, on a besoin de vitamines et minéraux comme la Vitamine B6 et le zinc par exemple.

À la ménopause, l’estrogène, la progestérone et la DHEA diminuent et peuvent occasionner une augmentation du poids et la fonte musculaire. Quant à la sécheresse vaginale dont certaines femmes se plaignent, elle peut engendrer les infections et les mycoses.

Les hormones

Il faut savoir que les progestatifs comme les hormones synthétiques, la pilule et le stérilet NE SONT PAS de la progestérone. Ce sont des molécules de synthèse qui sont différentes de la progestérone et peuvent amener des complications. C’est la même chose pour l’estrone synthétique et même l’estrone bio-identique qui, chez certaines femmes, peuvent occasionner le cancer de l’endomètre. De plus, elles peuvent faire apparaître de fausses règles qui perdurent au-delà de 60 ans.

Les hormones bio-identiques, c’est-à-dire, celles qui sont identiques à la molécule que votre corps sécrète, sont généralement sans danger. On les utilise lors de flux abondants, migraines, fausses-couches, pour augmenter la densité osseuse, pour l’infertilité, etc. Les hormones bio-identiques sont conçues pour corriger un déséquilibre hormonal.

N’oubliez pas qu’une carence en progestérone amène un excès d’estrogènes dans l’organisme; et un excès d’estrogènes fait augmenter le poids. En syndrome prémenstruel (SPM), en raison d’une augmentation de prolactine, on peut voir apparaître une intolérance au sucre, une prise de poids et une hypersensibilité des seins ainsi que de la rétention d’eau. Pour les femmes ayant un gros SPM, au lieu de prendre des hormones ou des antidépresseurs, dès l’ovulation, on suggère le magnésium 200 mg par jour, la vitamine B6 activée, et ce, jusqu’aux règles.

Il est contre-indiqué de prendre l’estrogène seul. Que ce soit interne ou en pilule, cette façon de faire augmentera l’écart entre les estrogènes et la progestérone et s’en suivront des problèmes de santé qui peuvent être graves. 

L’estriol est aussi une forme d’estrogènes plus sécuritaire. Elle ne favorise pas l’augmentation d’œstradiol ni d’estrone, et c’est l’hormone la plus sécrétée lors de la grossesse. Elle serait protectrice des seins. Par contre, elle doit toujours être accompagnée de progestérone.

Les hommes aussi peuvent bénéficier d’hormones dès les changements hormonaux et à l’andropause.

Que faire?

Comme la progestérone et les estrogènes sont nécessaires, voire indispensables, il est important de garder un bon ratio de ces deux hormones peu importe l’âge. Il faut donc apprendre à gérer le stress, manger les bons aliments et faire de l’exercice. Une mauvaise alimentation peut faire augmenter le cortisol et être une cause du déficit hormonal et d’une prise de gras à l’abdomen.

Après l’accouchement, certaines femmes souffriront des blues de l’accouchement. Le placenta produit beaucoup de progestérone et permet non seulement au fœtus de demeurer dans l’utérus, mais permet également une bonne énergie pour la femme durant la grossesse. Lors de l’expulsion du placenta à l’accouchement, certaines femmes vont se retrouver en déficit de progestérone et peuvent même faire une dépression. À ce moment, la prise de progestérone bio-identique pour une période de trois mois peut être un atout.

Comme les hormones stéroïdes sont métabolisées par le foie, la vitamine du complexe B ainsi que l’indole-3-carbinol retrouvé dans les légumes de la famille du chou : brocoli, kale, chou-fleur, chou de Bruxelles et dans certains suppléments sont importants. Les stimulants sont aussi à éviter. Les oméga-3 seront un atout, le pissenlit ainsi que le chardon-Marie.

La prise régulière de magnésium aide à fixer le calcium et le potassium. N’est-ce pas une bonne habitude à prendre? 

Pour ce qui est de la sécheresse vaginale, plusieurs compagnies fabriquent des crèmes à base de plantes qui peuvent aider grandement. La vitamine E ajoutée à la vitamine A, insérée dans le vagin, facilitera l’élasticité de celui-ci diminuant les infections. Le vitex est aussi une plante à privilégier. Les hormones bio-identiques combinées de progestérone et d’estriol sont des alliés dans ce cas.

D’autres suppléments contenant un ensemble de plantes qui travaillent en synergie pour aider à éliminer les symptômes désagréables causés par la préménopause, la ménopause ou les règles douloureuses seront avantageux.

L’huile de coco serait aussi une bonne façon d’aider à équilibrer les hormones. En effet, elle contiendrait un stéroïde identique à la pregnénolone permettant ainsi la synthèse des autres hormones. Elle est tout indiquée spécialement pour la femme qui allaite.

Concrètement, les suppléments sont nécessaires au bon équilibre hormonal, et selon le cas, la prise d’hormones bio-identiques en privilégiant d’abord la progestérone. Même si vous n’avez plus d’utérus, mesdames, il est contre-indiqué de ne prendre que de l’estrogène. 

Vous êtes en insuffisance de progestérone détectée par l’analyse salivaire? Vous pouvez opter pour des suppléments naturels ou de la progestérone bio-identique bien dosée. Quoi qu’il en soit, une alimentation saine, un bon fonctionnement du foie, de la thyroïde, du pancréas et l’élimination des agents stressants ainsi que la réduction des perturbateurs endocriniens ou xénoestrogènes et l’activité physique sont les outils indispensables à la femme et à l’homme.

Voir notre collection pour la santé hormonale

Références :

Dalu, Dr Alexandra : 2016. Vivre en santé. Paris. Éd. Edito

Gerstung Dr Judi, Martin Raquel 2006, L’alternative à l’estrogène, le guide de l’équilibre hormonal naturel. France. Éd. exclusif

Green, Dr Robert : 2006. Équilibre hormonal. Montréal. Ed. Modus Vivendi

Rousseau, Sylvie. 2014. Vibrez au rythme naturel de vos hormones. Québec. Éd.  Québec-livres

https://www.santedesfemmes.com/