Par Guylaine Campion, ND et journaliste
Saviez-vous que la composition et la diversité de votre microbiote intestinale pourraient refléter votre personnalité et vos traits de caractère? En effet, on associe la sociabilité à une plus grande diversité des bactéries intestinales. De leur côté, on lit le stress et l’anxiété à une diversité réduite et à une composition différente!
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Pas étonnant, puisque l’on dit que l’intestin est notre deuxième cerveau!
L’axe « intestin-cerveau » et le nerf vague
Des facteurs héréditaires et environnementaux déterminent notre personnalité. Celle-ci influence notre santé, nos relations avec les autres, nos amitiés, ce que nous aimons faire dans la vie. Elle affecte aussi notre façon de gérer notre stress.
Bien entendu, le microbiote intestinal, aussi appelé « deuxième cerveau », impacte notre physiologie et les différents processus métaboliques, mais aussi notre cerveau. En effet, le microbiote est relié au cerveau par un axe que l’on appelle « intestin-cerveau » et le nerf vague. Ainsi, il influence le stress, l’anxiété, les symptômes de dépression de même que le comportement social.
Notre microbiote et le système nerveux central
La communication entre le microbiote intestinal et le cerveau peut se faire de différentes façons. Elle peut avoir lieu par les voies neuronales, immunitaires ou endocriniennes.
D’abord, les bactéries intestinales peuvent produire des composés neuroactifs et moduler les niveaux des neurotransmetteurs. Elles peuvent avoir des effets anti-inflammatoires et hormonaux. Elles sont également en mesure produire des acides gras à chaîne courte ou stimuler le nerf vague.
Les maladies mentales soient souvent associées à des troubles gastro-intestinaux. Cela ajoute au fait que l’intestin et le cerveau sont liés. Leur interaction peut jouer un rôle tant sur le plan biologique que psychologique.
On sait maintenant qu’il y a un lien entre certains troubles mentaux (autisme, dépression, anxiété, etc.) et la composition du microbiote intestinal. On ignore toutefois comment chaque souche de bactéries peut agir sur le cerveau de manière précise.
Jusqu’à maintenant, les études menées sur l’axe microbiote-intestin-cerveau ont été réalisées principalement sur des modèles d’animaux ou sur des personnes ayant des troubles psychiatriques et qui présentaient, en général, un déséquilibre du microbiote intestinal.
Le microbiote et la personnalité
Est-ce que des personnes qui n’ont pas de troubles mentaux peuvent avoir des microbiotes qui sont différents selon leur personnalité? Est-ce que le fait de changer de microbiote peut modifier le comportement? La réponse est : « Oui ».
En effet, des études ont réalisées à ce sujet sur des souris par des chercheurs de la Faculté des sciences de la santé de l’Université McMaster en Ontario en 2013. Elles ont démontré qu’à l’aide d’une transplantation de microbiote fécal qu’il était possible de modifier leur comportement. À titre d’exemple, des souris stressées et anxieuses peuvent devenir audacieuses et exploratrices. Il suffit de leur transférer le microbiote intestinal de souris qui présentent ces traits de caractère.
Par ailleurs, dans une autre étude, les chercheurs ont provoqué de l’anxiété et des symptômes dépressifs chez des souris après leur avoir transféré le microbiote intestinal d’êtres humains qui souffraient de ces troubles.
Conséquemment, il est possible de transmettre des comportements par le microbiote. On peut donc penser que les bactéries intestinales pourraient contribuer, de manière causale, au comportement d’une personne. D’ailleurs, une étude japonaise menée en 2018 et réalisée chez des personnes souffrant d’un syndrome de l’intestin irritable ou d’autres troubles intestinaux a démontré une amélioration de l’anxiété et des symptômes dépressifs après une transplantation de microbiote fécal. D’autre part, des enfants autistes ont vu leurs symptômes gastro-intestinaux et comportementaux s’améliorer après une transplantation fécale.
Des traits de personnalité pour chaque microbiote
Une nouvelle étude parue dans la revue Human Microbiome Journal a évalué la relation entre le microbiote (composition et diversité) et les traits de personnalité. Les chercheurs ont recueilli et analysé 655 échantillons de selles chez des adultes dont la moyenne d’âge était de 42 ans et en provenance d’une vingtaine de pays différents. Les participants devaient répondre à des questionnaires afin de déterminer leurs traits de personnalité, leur comportement social, leur santé, leur alimentation et leur mode de vie. Les chercheurs ont évalué 44 variables.
Résultats : la composition du microbiote intestinal de même que sa diversité sont toutes les deux liées à des différences de personnalité. Parmi les 23 espèces bactériennes analysées, on associe de façon significative l’abondance de 7 d’entre elles aux traits de personnalité. Par exemple, on remarque une association entre la sociabilité et une quantité plus importante de bactéries Akkermansia, Lactococcus et Oscillospira et à moins de Desulfovibrio et Sutterella. Le stress et l’anxiété sont liés à une plus faible quantité de Corynebacterium et Streptococcus.
D’autre part, les personnes qui ont beaucoup d’interactions sociales ont tendance à avoir un microbiote intestinal plus diversifié. À ce sujet, les chercheurs suggèrent que les interactions sociales peuvent façonner la communauté bactérienne de l’intestin humain et favoriser sa diversité.
En contrepartie, le stress et l’anxiété sont associés à une diversité réduite du microbiote. La composition globale de leur microbiote est différente de celles des gens qui ne présentent pas ces traits de caractère.
Par conséquent, avec cette étude, on nous apprend que le microbiote intestinal peut nous aider à comprendre les variations de personnalité entre les individus.
L’auteur de l’étude précise qu’on peut interpréter les interactions entre le microbiote intestinal et les traits de personnalité de deux façons. Si les bactéries intestinales ont un effet sur le comportement, le comportement peut aussi impacter le microbiote. Par exemple, la composition du microbiote peut impacter la réponse au stress mais d’un autre côté, le stress peut aussi perturber l’équilibre des bactéries intestinales.
Quel est le rôle de l’alimentation?
Dans l’étude, les personnes qui mangent le plus d’aliments qui contiennent naturellement des probiotiques (aliments fermentés) et des prébiotiques (fibres non digestibles) ont une diversité bactérienne intestinale plus importante. Leurs niveaux d’anxiété, de stress et de névrose sont plus bas, et ce, de manière significative. Ils ont une tendance à la maladie mentale plus faible. Cependant, soulignons que la supplémentation de probiotiques n’a pas permis d’obtenir les mêmes résultats.
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D’autres études réalisées plus spécifiquement aux États-Unis avaient déjà démontré que des femmes qui consomment le plus d’aliments fermentés ont moins de symptômes d’anxiété sociale (2015). De la même façon, une alimentation riche en aliments fermentés à base de soja était associée à une réduction des symptômes de la dépression (2014).
Source : www.lanutrition.fr