Prévenir les infections urinaires naturellement

Par Guylaine Campion, ND et journaliste

Une envie fréquente d’uriner, des douleurs, une sensation de brûlure pendant la miction, des urines troubles et une pesanteur dans le bas-ventre sont des symptômes d’une cystite, c’est-à-dire d’une infection urinaire. Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes, étant donné que l’urètre, plus court que celui de l’homme, favorise l’entrée des bactéries dans la vessie.  

En Amérique du Nord, on estime que de 20% à 40% des femmes ont déjà eu au moins une infection urinaire au cours de leur vie. Par ailleurs, environ 2% à 3% de femmes adultes auraient une infection urinaire par année. D’autre part, les hommes d’âge mûr atteints de troubles de la prostate sont plus à risque alors que les jeunes hommes sont peu touchés.  

QU’EST-CE QUE LA CYSTITE?

Il s’agit d’une inflammation de la vessie, généralement d’origine bactérienne. Souvent, l’inflammation est provoquée par la prolifération de bactéries intestinales de type Escherichia coli. Les bactéries passent de la région anale et vulvaire à la vessie en remontant par l’urètre. Elle survient souvent à la suite d’un refroidissement.

Même si les antibiotiques s’avèrent efficaces pour tuer les bactéries, des traitements naturels peuvent aussi aider à combattre les récidives. Il est important de bien traiter les cystites afin d’éviter des complications. En effet, une cystite non traitée ou mal traitée peut conduire à la remontée des bactéries vers les reins et à leur prolifération. La pyélonéphrite aiguë survient le plus souvent chez la femme et encore plus fréquemment chez la femme enceinte.  

De manière exceptionnelle, une infection urinaire peut s’aggraver au point d’entraîner une septicémie ou une insuffisance rénale. Il est donc important de consulter un médecin en cas de signes d’infection urinaire.

LA CANNEBERGE :  UN REMÈDE NATUREL « CLASSIQUE »

La canneberge, et plus spécifiquement son jus, est sûrement le moyen naturel le plus connu pour prévenir et soulager les infections urinaires chez les femmes. Cette petite baie rouge est reconnue pour ses propriétés antioxydantes, antibactériennes et aussi antivirales.  

Une revue systématique publiée en 2008 et plusieurs études aléatoires et contrôlées réalisées auprès de femmes sujettes aux cystites à répétition ont indiqué que la consommation de jus de canneberge réduisait le taux de rechute. Le jus de canneberge, pur et sans sucre ajouté, demeure une option intéressante afin de prévenir les rechutes, car il empêcherait les bactéries d’adhérer aux parois des voies urinaires.  

DES PLANTES AMIES DU SYSTÈME URINAIRE  

La busserole (aussi appelée uva ursi ou raisin d’ours) aurait une action antibactérienne. Ici en Amérique du Nord, nos Premières Nations l’utilisaient pour traiter la cystite. Son principal élément actif serait l’hydroquinone qui agirait en tant qu’antiseptique dans les voies urinaires. Attention : la busserole est contre-indiquée chez les femmes enceintes ou celles qui allaitent et les enfants de moins de 12 ans. De plus, la busserole ne doit pas être utilisée à long terme. Enfin, sur le plan de l’efficacité, il ne faut pas combiner la busserole avec un jus de canneberge ou des suppléments de vitamine C.  

Depuis des siècles, le jus de bouleau est utilisé dans les cas d’infection urinaire. Son action sédative et anti-inflammatoire favorise un soulagement rapide et efficace de la douleur. C’est un dépuratif, diurétique et éliminateur des chlorures, de l’urée et de l’acide urique.  

La prêle des champs améliore la circulation dans les voies urinaires en cas d’infections bactériennes. On attribue à cette plante des propriétés légèrement diurétiques qui proviendraient des saponines qu’elle contient et qui permettent d’évacuer plus facilement les bactéries hors du tractus urinaire.  

Pour sa part, la verge d’or aide à accroître le volume urinaire en augmentant le flux sanguin et la filtration des reins.  Cette plante est aussi reconnue pour améliorer la circulation dans les voies urinaires en cas d’infections bactériennes de la vessie et de l’urètre.  

De son côté, l’ortie irrigue les reins, la vessie et les voies urinaires en cas d’inflammation. Cependant, attention, elle est contre-indiquée durant la grossesse. L’échinacée peut aider à prévenir les infections urinaires en renforçant le système immunitaire.  

Enfin, l’hydraste du Canada contient de la berbérine, un alcaloïde qui se concentre dans la vessie. Cette plante a la capacité d’empêcher l’adhésion des bactéries à la paroi de la vessie plutôt que de tuer les agents infectieux comme le font les antibiotiques.  

Dans un autre ordre d’idée, la combinaison d’oligo-éléments « cuivre-or-argent » peut être un complément intéressant puisqu’il agit sur le système immunitaire.

D’après une récente étude suédoise, les suppléments de vitamine D permettraient de réduire le risque d’infection urinaire. Selon les chercheurs de l’Institut Karolinska et de l’Hôpital Universitaire Karolinska en Suède, la vitamine D stimulerait le système immunitaire. Plus précisément, la supplémentation en vitamine D favorise la production de cathélicidine, un composé antimicrobien, dans les voies urinaires. Cette supplémentation réduit ainsi le risque de cystite.   

N’OUBLIEZ PAS LES PROBIOTIQUES

Les probiotiques seraient efficaces contre les infections urinaires. C’est la conclusion de chercheurs américains et dont l’étude a été publiée dans la revue Clinical Infectious Disease.  

Afin d’évaluer les bienfaits des probiotiques contre les infections urinaires chroniques, des chercheurs de l’Université de Washington ont suivi une centaine de jeunes femmes souffrant de cystite chronique. Durant une période de cinq jours, elles ont reçu quotidiennement soit un probiotique ou un placebo puis une fois par semaine pendant dix semaines.   

Résultat : 27% des femmes qui n’ont pas reçu de probiotiques ont eu une nouvelle infection urinaire contre 15% seulement des femmes qui en ont pris. Puis en 2005, un essai mené auprès de 453 femmes souffrant de cystite a démontré que la consommation de probiotiques pendant 90 jours pouvait réduire de 34% le taux d’infections urinaires sur une période d’une année.  

ALIMENTATION : ÉLIMINEZ SUCRE ET ACIDITÉ

Le lien entre l’alimentation et les infections urinaires fait actuellement l’objet d’études. Afin de favoriser la guérison et prévenir la récurrence, il est important d’éliminer les sucres et les boissons sucrées de notre alimentation.  

Une chose est sûre : les personnes qui souffrent d’une infection urinaire devraient éviter temporairement de boire café, alcool, boissons gazeuses et jus d’agrumes. Les mets épicés doivent aussi être mis de côté tant que l’infection n’est pas guérie, car ceux-ci irritent la vessie et donnent l’envie d’uriner encore plus souvent.  

Plus l’urine est acide, plus les bactéries responsables des cystites se développent, augmentant du même coup le risque d’infection urinaire. Il est donc important d’opter le plus possible pour des aliments alcalinisants.

Mangez du concombre (dissolvant de l’acide urique et des urates), du céleri (dépuratif, antiseptique), du cresson (rétention d’urine) et de l’ail (bactéricide). Ajoutez du persil à vos salades. Le persil est un dépuratif des voies urinaires et un diurétique. Il est impératif de boire suffisamment d’eau afin de réduire le risque d’infections urinaires. Autre conseil : ne pas retenir trop longtemps son envie d’uriner est une bonne façon d’éviter que les bactéries ne se multiplient dans la vessie.  

Il est très important de consulter votre médecin si aucune amélioration ne survient après 48 heures et si les symptômes s’aggravent.  

Dans un prochain article, nous nous pencherons sur la cystite interstitielle ou syndrome de la vessie douloureuse. Il s’agit d’une maladie de la vessie considérée comme étant chronique.   

Les femmes enceintes ou qui allaitent, les enfants, les personnes qui prennent des médicaments ou qui souffrent de maladies graves ou d’allergies devraient consulter un spécialiste en santé naturelle avant d’utiliser les plantes médicinales.  

Les informations fournies dans cet article ne peuvent remplacer des conseils médicaux, un diagnostic ou un traitement.