LE POISSON EST-IL UN ALIMENT POLLUÉ?

Par Marie-Christine Trépanier, journaliste

En raison de sa richesse nutritive exceptionnelle, le poisson est considéré comme un aliment santé essentiel. Mais malheureusement, souvent pollué au mercure, le poisson perd ses lettres de noblesse et plusieurs craignent aujourd’hui de le consommer. En effet, le poisson est la principale cause de contamination au mercure pour l’humain. De nos jours, nos écosystèmes marins sont fragilisés par la pollution humaine, et ce, depuis un siècle et certaines espèces de poisson de divers plans d’eau du Canada peuvent être exposées à des niveaux élevés de mercure. Il faut donc être très vigilants.

LA VALEUR NUTRITIVE DU POISSON

Riche en protéines, en oméga-3 et en vitamine D, des études ont démontré l’effet protecteur de la consommation du poisson pour prévenir les maladies cardiovasculaires.  Cet effet est attribuable à la présence d’acides gras oméga-3 dans la chair des poissons. Les oméga-3 possèdent des propriétés anti-inflammatoires et ils sont essentiels au développement du cerveau et de la rétine de l’œil.  D’ailleurs, les oméga-3 protégeraient les personnes âgées contre la dégénérescence maculaire sénile.

LA CONTAMINATION AU MERCURE

Le mercure est le principal contaminant environnemental du poisson au Québec. Il se retrouve dans le poisson sous forme de méthylmercure. Toutes les espèces de poisson ne contiennent pas nécessairement les mêmes quantités de mercure et les risques peuvent être différents. Dans un premier temps, il est important de spécifier que le corps est incapable de rejeter le mercure contenu dans les aliments. Son accumulation dans l’organisme peut avoir de lourdes conséquences : une perturbation du fonctionnement des reins, du cœur, du système nerveux de même que des malformations congénitales.

Le mercure a la capacité de se rendre aisément dans le cerveau et il peut y demeurer longtemps. D’ailleurs, chez la femme enceinte, le mercure peut traverser le placenta et s’accumuler dans le cerveau et les tissus du fœtus. Le mercure peut aussi se transmettre au bébé par l’entremise du lait maternel. Il est donc recommandé aux femmes qui planifient une grossesse et aux femmes enceintes ou qui allaitent d’éviter la consommation fréquente des espèces sauvages de poissons les plus propices à la contamination au mercure.

L’intoxication au mercure par accumulation dans les tissus est appelée « maladie de Minamata ».  Son nom vient d’une baie japonaise où la pollution industrielle a causé l’intoxication de plusieurs personnes qui ont consommé du poisson contaminé. Parmi les principaux symptômes d’une contamination au mercure, on retrouve des changements de personnalité, des troubles de la vision, la surdité, une perte de coordination musculaire et des problèmes de mémoire. Étant donné que le mercure consommé s’accumule dans les tissus, il est donc important d’être vigilants et de prévenir ces problèmes de santé.

LES RECOMMANDATIONS AVANT DE CONSOMMER DU POISSON

Le Guide alimentaire canadien recommande de consommer au moins deux portions de poisson chaque semaine. Une portion de poisson équivaut à 75 g de poisson cuit ou 90 g avant cuisson. Afin de réduire au minimum la quantité de mercure dans votre assiette, il est important de choisir les bons poissons à consommer.  Il faut donc limiter la consommation de certains poissons dont la concentration peut être plus élevée que la dose permise par Santé Canada.

Selon le site du Ministère de la Santé et des services sociaux du Québec, la plupart des espèces peuvent être consommées sans danger, cependant, certains poissons doivent être consommés avec modération. Ce sont les poissons de pêche sportive, c’est-à-dire : le doré, le brochet, la lotte, le touladi (truite grise), l’achigan et le maskinongé. En effet, la chair de ces poissons peut contenir une quantité plus élevée de méthylmercure ou d’autres contaminants environnementaux. Pourquoi? Tout simplement à cause de la position de ces poissons prédateurs au bout de la chaîne alimentaire. Ils se nourrissent eux-mêmes d’autres poissons, ce qui concentre les substances toxiques dans leur chair.

Toutefois, les poissons plus jeunes ou plus petits contiennent moins de contaminants. Il faut donc respecter le nombre de portions recommandées afin de réduire les risques à la santé associés au méthylmercure. Santé Canada émet d’ailleurs une mise en garde aux femmes enceintes étant donné que le système nerveux du fœtus est plus vulnérable au méthylmercure.

D’autre part, le thon blanc que l’on retrouve en conserves est souvent très populaire auprès des Canadiens. Aux dires de Santé Canada, les consommateurs n’ont pas à se préoccuper de leur consommation de thon en conserve étant donné que le poisson utilisé dans ces produits est plus jeune et de plus petite taille que le thon vendu frais ou congelé. Donc, sa concentration en mercure serait considérablement plus faible.

Toutefois, les concentrations de mercure peuvent varier d’une sorte de thon en conserve à l’autre. Par conséquent, les personnes qui consomment de grandes quantités de thon blanc sont plus susceptibles d’être exposées à des concentrations de mercure jugées inacceptables. Les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et les enfants devront donc en limiter leur consommation.