Par Marie-Christine Trépanier, journaliste
Espérant un mode de vie plus calme et serein, plusieurs choisissent de quitter la vie urbaine pour vivre à la campagne. Loin des édifices en béton et de la pollution, la vie dans la nature procure certains bienfaits à la santé. Par contre, d’autres apprécieront moins la campagne en raison de la présence de pesticides et d’allergènes.
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Quel est le bon choix? Voici quelques points de vue qui pourront peut-être mieux vous éclairer.
Les avantages de la vie à la campagne
À la campagne, il y a moins de pollution, moins de stress, plus d’espaces verts pour faire du sport et profiter du soleil de même que plusieurs effets positifs tant sur la santé mentale qu’immunitaire. On peut aussi profiter de la beauté de la nature et de l’air frais.
Des chercheurs de la Harvard University’s Public Graduate School et du Brigham and Women’s Hospital ont réalisé une étude intéressante. En fait, ils ont utilisé les informations médicales portant sur 108,630 femmes de la Nurse’s Health Study aux États-Unis entre 2000 et 2008, et ils ont comparé le risque de mortalité avec le niveau de végétation présent autour de leurs habitations.
Résultats : les 20% de femmes qui avaient le plus de végétation dans leur environnement avaient 12% de mortalité en moins que celles qui étaient moins entourées d’espaces verts. Par ailleurs, les femmes vivant dans des zones avec le plus de végétation avaient 34% de risques en moins de décès par maladies respiratoires par rapport à celles qui en avaient le moins. Ces associations s’expliquent par des facteurs tels que : l’activité physique, la santé mentale, l’exposition à la pollution de l’air, le bruit ou le stress.
Le bonheur de vivre loin des centres urbains
Une étude de l’Université McGill parue en mai 2018 confirme que les personnes les plus heureuses vivent à la campagne ou dans de petites villes.
Les chercheurs ont comparé les secteurs les plus heureux aux plus malheureux, et ils ont constaté qu’il y avait un lien entre le bonheur et la concentration de la population. Les 20% de zones géographiques où les habitants sont les plus malheureux étaient huit fois plus denses en population que les 20% des secteurs les plus heureux. D’après le Washington Post, les personnes des secteurs heureux passent moins de temps dans des déplacements, payent moins cher leur logement et ressentent plus souvent un sentiment d’appartenance à une communauté. Les petites villes et les villages seraient des lieux plus propices pour créer des liens sociaux forts.
Les auteurs de l’étude en sont donc arrivés à la conclusion que « la vie est nettement moins heureuse dans les zones urbaines ».
La campagne : bon pour l’immunité et contre l’inflammation
Les habitants des villes auraient avantage à s’exposer aux microbes que l’on retrouve à la campagne afin de limiter les inflammations chroniques.
Dans un article paru dans le Clinical & Experimental Immunology, une équipe de trois chercheurs américains (Microbial « Old Friends », immunoregulation and socio-economic status.), en 2014, a mis en relation l’évolution du système immunitaire avec les changements de nos modes de vie, de la préhistoire à nos jours.
En ville, notre système immunitaire serait moins en contact avec des micro-organismes de l’environnement, ce qui causerait des problèmes d’inflammation chronique.
Avec l’urbanisation, les contacts avec les animaux, les espaces verts, et donc avec les micro-organismes de l’environnement ont diminué. La diversité microbienne présente sur la peau, dans l’intestin, les poumons ou l’appareil génito-urinaire a diminué, et au même moment, les micro-organismes de l’environnement sont devenus moins nombreux du fait d’une meilleure hygiène. Le système immunitaire serait devenu plus dépendant des microbiotes et de l’environnement. C’est pourquoi l’exposition à des micro-organismes de l’environnement comme ceux que l’on retrouve à la campagne jouerait un rôle important.
Pour les auteurs de cette étude, cela expliquerait que les personnes vivant dans les centres urbains et qui ont peu d’accès aux espaces verts souffriraient plus d’inflammation chronique. « L’inflammation chronique peut conduire à toutes sortes de problèmes, allant du syndrome du côlon irritable à l’asthme, aux allergies et même à la dépression », explique Christopher Lowry, l’un des auteurs de l’article.
La vie à la campagne et l’obésité
Bien que les habitants de la campagne ont traditionnellement une vie beaucoup plus active et moins de kilos en trop que ceux et celles qui vivent en ville, il semble que depuis quelques années, l’obésité est plus présente à la campagne qu’en ville. En fait, selon les données de Statistiques Canada et de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ), le taux d’obésité rural a augmenté de 42% entre 2003 et 2013-2014, contre 24% pour le taux d’obésité urbain.
Les enfants des villes plus touchés par les allergies alimentaires
Selon une étude américaine préliminaire réalisée par des chercheurs de Johns Hopkins University School of Medicine parue en ligne dans Journal of Allergy and Clinical Immunology, 10% des enfants nés en ville souffriraient d’une allergie alimentaire à l’arachide, à l’œuf ou au lait, entre 0 à 5 ans.
Nous savons que les allergies se sont beaucoup développées au cours des dernières décennies et pour certains, une hygiène excessive de même qu’un manque d’exposition aux micro-organismes de l’environnement pourraient être en cause.
Des enfants nés dans quatre villes américaines (Baltimore, Boston, New York et Saint Louis), soient un nombre de 516 ont été suivis de la naissance jusqu’à l’âge de 5 ans. Chaque année, les chercheurs ont évalué les expositions environnementales dans le logement, l’alimentation et l’histoire médicale.
Résultats : 55,4% des enfants avaient une sensibilité à un aliment, 47,6% étaient sensibles au lait, 31% à l’œuf et 20,9% à l’arachide. Par ailleurs, 9,9% avaient une allergie alimentaire : 6% étaient allergiques à l’arachide, 4,3% à l’œuf et 2,7% au lait. Par surcroît, 2,5% avaient plus d’une allergie. Les autres enfants étaient soit potentiellement allergiques (17%), sensibles mais tolérants (28,5%) ou non sensibles (44,6%).
La pollution sonore et lumineuse des villes
En ville, la pollution de l’air est beaucoup plus élevée qu’à la campagne. Il y a aussi les pollutions sonore et lumineuse qui sont des envahisseurs des villes nocifs pour la santé.
Que ce soit dans la rue ou dans les transports en commun, nous sommes quotidiennement exposés au bruit. Avec le moteur des voitures et des motos ou les bruits assourdissants des travaux de construction, il est impossible de passer quelques minutes dans un silence total. La pollution par le bruit peut provoquer du stress, de l’irritabilité, de l’insomnie, des problèmes d’audition, de l’hypertension et même de la dépression.
D’autre part, si la pollution sonore est nocive pour notre santé, il en est de même pour ce qui est de la pollution lumineuse!
Difficulté à s’endormir, sommeil de mauvaise qualité, réveils fréquents la nuit pourraient être reliés à l’éclairage urbain autour de notre maison ou notre logement. En effet, les éclairages artificiels de nuit (lampadaires, enseignes de magasins, panneaux publicitaires) quand ils sont excessifs, sont de la « pollution lumineuse ».
Depuis plusieurs années, les astronomes mettent en garde les gens sur le fait qu’il est de plus en plus difficile d’observer les étoiles la nuit en ville, en raison de la pollution lumineuse. Saviez-vous qu’un tiers de la population mondiale ne peut voir la Voie lactée?
En contrepartie, à la campagne, il est encore possible de pouvoir observer un beau ciel étoilé en toute tranquillité par un beau soir d’été!