LES CHAMPS MAGNÉTIQUES TRIPLENT LE RISQUE DE FAUSSE COUCHE

Les Québécoises à plus haut risque en raison du chauffage électrique

Par André Fauteux, maisonsaine.ca

Une septième étude vient de conclure que l’exposition à des champs magnétiques d’intensités couramment mesurées dans nos maisons et environnements urbains augmente significativement le risque de fausse couche. ABC de l’électrosmog et conseils pour réduire votre exposition.

Émis par le courant électrique, les champs magnétiques domestiques de 60 hertz (Hz) sont dits non ionisants parce qu’ils ne peuvent pas charger électriquement un atome en lui cédant ou en lui enlevant des électrons, comme le font les rayons X, la radioactivité et autres ondes ionisantes reconnues cancérogènes. Toutefois, les champs magnétiques domestiques ont été classés « peut-être cancérogènes » (catégorie 2B) en 2001 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), affilié à l’Organisation mondiale de la santé. Ceci sur la base de plusieurs études montrant que le risque de leucémie double chez les enfants exposés, de façon chronique avant ou après la naissance, à un champ magnétique mesurant plus de 3 ou 4 milligauss (mG) ou 0,3-0,4 microtesla (µT), en moyenne sur 24 heures.

Des chercheurs californiens ont récemment été les premiers à mesurer l’exposition de futures mères avec précision et à tenir compte des mesures les plus élevées plutôt que des moyennes quotidiennes. Financés par l’Institut national américain des sciences de la santé environnementale, ils ont demandé à des femmes de plus de 18 ans avec des grossesses confirmées de porter un petit dispositif de mesure de champ magnétique pendant 24 heures. Les 913 participantes ont également tenu un journal de leurs activités ce jour-là, et ont été interviewées pour mieux contrôler d’éventuels facteurs de confusion (nausée, fièvre, infection, consommation d’alcool et de café, antécédent de fausse couche) connus pour augmenter ce risque. Le taux de fausses couches rapporté au sein de la population générale oscille entre 10 et 15 %, selon l’auteur principal de l’étude, le Dr De-Kun Li, épidémiologiste reproductif et périnatal à la Division de recherche Kaiser Permanente, à Oakland, en Californie.

Résultats

Conclusion de son étude1 publiée le 13 décembre dernier dans la prestigieuse revue Scientific Reports du groupe Nature Publishing : une fausse couche est survenue chez 10,4 % des femmes exposées au plus faible niveau d’exposition mesuré, et chez 24,2 % des femmes les plus exposées — à des champs dépassant 2,5 mG (0,2 µT) au moins 14 minutes par jour, peu importe la source. Le risque relatif de faire une fausse couche chez ces dernières était donc presque trois fois plus élevé que la normale. « Cette étude fournit des preuves, obtenues auprès d’une population humaine, que les rayonnements non ionisants de champs magnétiques pourraient avoir des impacts biologiques néfastes sur la santé humaine », conclut le Dr Li. Ce médecin a dit souhaiter que cette découverte stimule la recherche sur les risques que présentent les champs magnétiques, notamment en ce qui a trait à la santé des femmes enceintes.

Kaiser Permanente est la plus grande entreprise américaine de soins de santé (209 000 employés). La principale limite de son étude est que les chercheurs n’ont pas demandé aux participantes de porter le dispositif de mesure tout au long de leur grossesse. Malgré cela, « c’est une étude très bien conçue », a déclaré à Microwave News David Savitz, professeur d’épidémiologie à l’Université Brown et un pionnier des études sur les effets des champs magnétiques 60 Hz sur la santé infantile.

Les Québécoises plus à risque

En raison de la popularité du chauffage électrique chez nous, environ 7 % des Québécois sont exposés à un champ magnétique moyen supérieur à 4 mG, soit dix fois plus qu’ailleurs, selon l’Institut national de santé publique du Québec. Selon une étude effectuée il y a 20 ans, environ le quart de la population américaine est exposé à un champ magnétique excédant 4 mG (0,4 µT) au moins une heure par jour. Il est donc probable que la plupart des Québécois le sont plusieurs heures par jour en hiver, d’où l’importance de mesurer ces champs.

Un champ magnétique est produit lorsqu’un courant électrique circule sur un câble ou est consommé par un appareil électrique allumé. Le niveau d’exposition d’une personne dépend de divers facteurs, dont l’intensité du courant (mesuré en ampères), la configuration du câblage électrique et la proximité des sources de champs magnétiques. En effet, la distance a beaucoup d’importance : la meilleure façon de se protéger consiste à s’éloigner des sources parce que l’intensité du champ diminue en fonction inverse du carré de la distance. Par exemple, à 10 pouces, le champ magnétique est cent fois plus faible qu’à 1 pouce. Par ailleurs, les champs magnétiques émis par une paire de câbles torsadés — utilisés dans les planchers radiants électriques modernes — s’annulent mutuellement et tombent à zéro.

Le champ magnétique disparaît quand on éteint l’appareil, telle une lampe. Le champ électrique qui l’accompagne est issu du voltage (la tension) et persiste tant que la lampe est branchée dans une prise électrique active. On dit alors que la prise comme la lampe sont « sous tension ». Pour se protéger des champs électriques, il suffit d’utiliser des câbles blindés d’une gaine métallique que l’on met à la terre (MALT) ou de placer un matériau conducteur MALT, tel un pare-vapeur aluminisé, entre la source et l’humain. L’inspection du système électrique est également importante, car les erreurs de câblage (non-respect du Code de l’électricité) causent souvent des champs électromagnétiques (CEM) élevés.

Lorsque les deux types de champs sont présents, on parle de CEM. Le courant domestique est dit alternatif à la fréquence 60 Hz parce qu’il oscille (change de polarité) 120 fois par cycle : chaque borne est positive 60 fois et négative 60 fois chaque seconde. Les ondes radio, comme les micro-ondes émises par les antennes et les appareils de communication sans fil, sont des CEM de hautes fréquences. On les mesure en kilohertz, en mégahertz ou en gigahertz, selon que leur oscillation se mesure par milliers, millions ou milliards de cycles par seconde. Comme ils fonctionnent aussi au 60 Hertz, les appareils sans fil comme les cellulaires et les tablettes émettent également des champs magnétiques domestiques.

Une autre raison de les éloigner du corps et d’utiliser la fonction haut-parleur ou une oreillette (idéalement de type Air Tube qui transporte le son dans un tube plutôt que par un fil dégageant des CEM). Les ondes radio ont été classées 2B par le CIRC en 2011. Cet organisme risque de les reclasser très bientôt comme cancérogènes : deux récentes études viennent de démontrer qu’elles causent chez les rats les deux mêmes genres de tumeurs nerveuses et cérébrales que les usagers réguliers du cellulaire développent plus fréquemment que la normale (détails sur microwavenews.com).

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  1. Étude publiée le 13 décembre dernier dans la prestigieuse revue Scientific Reports du groupe Nature Publishing : https://share.kaiserpermanente.org/article/new-kaiser-permanente-study-provides-evidence-of-health-risks-linked-to-electromagnetic-field-exposure/